La beauté du geste

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D’après une histoire vraie, la boxe féminine comme manière de se surpasser.

L’histoire de Keiko Ogasawara

Comme en une sorte d’écho au magnifique film de Clint Eastwood, Million Dollar Baby en 2004, La beauté du geste est un film intimiste qui parvient à rendre la difficulté d’une jeune femme à devenir boxeuse professionnelle dans un Tokyo presque déserté en raison du covid 19, d’autant que cette jeune boxeuse est atteinte de surdité et de mutisme. Le réalisateur – dont c’est le quatrième long-métrage après des documentaires dont le remarqué And your bird can sing en 2015 – s’est inspiré de la vie de la boxeuse Keiko Ogasawara mais sans en faire un biopic pour laisser libre cours cette fois à la fiction. Il s’en explique dans le dossier de presse du film : « Quand j’écris un scénario, c’est toujours dans l’idée d’en faire un documentaire. Mais dans le cas présent, les événements relatés dans le livre de Keiko Ogasawara se sont déroulés voilà une dizaine d’années ; j’étais assez réticent à l’idée de les reproduire à l’image dans un délai relativement court. D’autant plus quand en tant que spectateur, lorsque je regarde un film basé sur des faits réels, je suis toujours tenté de comparer la réalité de ces faits et ce qu’il en reste à l’écran. J’ai donc décidé de renoncer à reconstituer les éléments du livre et j’ai opté pour une fiction quasi-totale. » 

Se mettre en danger

La beauté du geste raconte donc une prise de conscience de la vie par une jeune fille solitaire qui vit à Tokyo, en partageant un appartement avec son frère dont elle n’est pas très proche et qui fait de la musique alors qu’elle est sourde. Le film de Shô Miyake est exemplaire et lumineux pour une approche sans concession d’un monde particulier, celui de  la boxe, de la solitude et des combats qu’on mène aussi parfois contre soi-même. Lorsque son entraîneur, vieillissant, se trouve contraint de fermer sa salle de sport dans la banlieue de Tokyo, Keiko, même si elle a remporté deux combats importants, commence à douter de sa carrière et décide de tout arrêter même si elle cherche le courage de l’annoncer à monsieur Sasaki qui, enfin, lui déclarera : « En perdant l’envie de te battre, tu manques de respect à l’adversaire et tu te mets en danger ». Là est le vrai combat que Keiko doit apprendre à mener : trouver du sens à ce qu’elle fait, indépendamment de lui. Cette quête donnera lieu à des séquences incroyablement émouvantes, entre introspection et ouverture aux autres, à la vie. 

Un Tokyo loin de la carte postale

Avec ses couleurs passées, ses paysages urbains particulièrement laids et ses cours d’eau marronnasses, la ville de Tokyo n’est pas filmée à son avantage et la vie de Keiko, quant à elle, est rendue comme un constat entre tristesse, solitude et silence qui donnent de la gravité au personnage que l’actrice, Yukino Kishii, incarne parfaitement avec son visage grave et doux à la fois et son mutisme concentré sur un sport vraiment ingrat. Et, bien sûr, ce film va à l’encontre des autres consacrés au sport en général et qui tendent à magnifier l’effort. La beauté du geste est au contraire un constat qui illustre parfaitement ce que le réalisateur en dit : « L’idéologie portée par les films de boxe, mais plus généralement de sport, est que les efforts finissent toujours par porter leurs fruits, que si on se démène pour un objectif, on l’atteindra. J’ai tendance à penser que la vie est loin d’être aussi simple que ça. »

 

Titre original : Keiko, me wo sumasete

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Durée : 99 mn


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