Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est un film qui se base sur lidée de potentiel. Le réseau souterrain du film est dune densité et dune richesse déconcertante. Ceci est dû à la tonalité science-fictionnelle du film, que le début de luvre cristallise dune poésie éphèmère basée sur la texture virevoltante de la poudre à grenade et le magnétisme dun sarcophage enfermant le cadavre dun extraterrestre de Roswell. Les prouesses cinématographiques du quatrième volet exportent une foule insensée de références aux propres films de Spielberg, les courses poursuite de Jurassik Park, les visages déchirés par la haine et la folie dIndiana Jones et le temple Maudit. Mais aussi, Spielberg emprunte à son ami George Lucas quelques formules qui se situent, notamment, dans lutilisation inondante de la musique de John Williams au début de son uvre, comme ce fut le cas pour Star Wars III la revanche des Sith, et les élévations tensionnelles des instruments à cordes dans la création magistrale du compositeur.
Ce qui est attachant et tendre, cest limpression que le professeur-archéologue est mieux dans un amphi à dévoiler et transmettre son savoir à ses étudiants. Ses premières secondes et la plongée vertciale qui lécrase totalement questionnent sa capacité à faire voler en éclats les obstacles qui se dressent devant lui. Puis, à la première ombre représentant le héros, avec le leitmotiv du personnage en fond musical, le doute est levé. Malgré son âge, lénergie de son corps parvient à transporter, à convaincre que laventure est viscéralement ancrée dans ses gênes, faite pour lui. Indy est laventure. La dernière uvre de Steven Spielberg ouvre sur ce plaidoyer corporel fait de mots et de gestes… et de quelques maladresses comiques. Cela le rend humain, et étrangement, la peur de le voir souffrir tenaille. Le fait quIndiana ait un fils, qui entre dans le film dune manière magistrale et théâtrale, à la manière dun Brando dans lÉquipée Sauvage, installe délicatement lidée que larchéologue va bientôt raccrocher le fouet et transmettre le flambeau. La relation de mésentente cordiale, comme ce fut le cas pour Indiana Jones et la Dernière Croisade entre Indy et son propre père, va vite disparaître. Le gamin est conquis par cette figure paternelle sans limite. Cependant, Indiana, en tant que mythe, est au crépuscule de son cheminement et la tonalité science fictionnelle de luvre témoigne du fait que Spielberg perpétue son programme cinématographique en mettant limage de son personnage-concept au centre de son système.
Des fous rires, Steven Spielberg utilise toujours son bestiaire pour promouvoir le burlesque à travers une vision régressive de lhomme. De laction, de lexaltation, de lémotion, des formes et un ballet de textures Le réalisateur est à lheure au rendez-vous.