Fantastic birthday

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Un film à l´absurdité trop mécanique pour faire entièrement mouche

Avant d’être un film, Fantastic Birthday fut une pièce de théâtre pensée par Rosemary Myers sa future réalisatrice, Jonathon Oxlade le scénographe et Matthew Whitlet le scénariste. C’est grâce à l’intervention de l’association The Hive – qui offre à divers artistes l’opportunité de transposer leurs créations au cinéma – que la scène s’est changée en toile pour raconter l’étrange histoire de Greta Driscoll. Celle, connue, du douloureux deuil de l’enfance.
Timide en plus d’être une nouvelle élève dans son nouveau collège, Greta peut compter ses amis sur les doigts d’une seule main. Sur un seul doigt en fait car il n’y a qu’Elliott – grand bizut adepte du mot « awesome » – pour passer la récré avec elle. Désespérée de voir sa fille seule, sa mère décide unilatéralement de lui organiser une grande fête pour ses quinze ans entraînant cette fois le désespoir de Greta. Un pressentiment qui s’avère fondé puisque la super boom prendra soudain une direction inattendue et absurde, aussi déstabilisante que l’irruption de l’adolescence dans un corps pré pubère.
 


Wes, es-tu là ?

Un banc, deux écoliers pris dans leur uniforme et dans le format 1:33 de l’écran et un second plan discrètement burlesque comme symptôme d’une loufoquerie feutrée que la caméra éloigne à mesure qu’elle se rapproche lentement des deux collégiens épinglés par le zoom…Mince ! Se serait-on trompés de salle ou le projectionniste aurait-il confondu le fichier Moonrise Kingdom (Wes Anderson, 2012) avec le fichier Fantastic Birthday ? Tout nous amène à penser que Rosemary Myers serait en réalité le nouveau pseudonyme de Wes Anderson : de l’aspect maison de poupée des décors, du kitsch vintage tellement ringard qu’il en devient super tendance jusqu’aux créatures de la forêt qui ressemblent aux enfants déguisés de Moonrise Kingdom, tout crie l’influence du réalisateur américain. Même le côté control freak si agaçant.

Dans Fantastic Birthday, chaque plan se doit de contenir une bizarrerie plus ou moins visible ou un décalage absurde pour encore appuyer le « fantastic » du titre, à ce point que cette étrangeté est perçue comme un acte volontariste. Elle ne survient que rarement par glissements (un décadrage ou un angle inhabituel par exemple), mais toujours frontalement ; et comme tout est farfelu, plus rien ne l’est réellement. Dans ce film boule à neige, tout ce qui est vu est bien tout ce qu’il y a à voir : le monde s’arrête là. Pour en être loufoque, il n’en est pas pour autant mystérieux, ce qui peut expliquer – à l’exception de rares moments – l’absence d’inquiétude.

 


Conte de fées dans les seventies

A quelques reprises, l’extrême stylisation du film parvient à donner vie à la menace invisible tapie dans l’ombre de la forêt qui borde la maison des Driscoll. Fascinée par La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, la réalisatrice leur emprunte leurs codes pour balader son héroïne de topos en topos au gré de son voyage initiatique qui la mènera de l’enfance à l’adolescence une fois la forêt traversée. Ce lieu “pratiquement impénétrable où nous nous perdons [qui] symbolise le monde obscur, caché de notre inconscient” selon le philosophe viennois. Aussi hermétique qu’une psyché adolescente, il est possible de s’y retrouver à la condition de s’y perdre. Et quand Greta s’y aventure, robe rose à volants au milieu de la sylve noire, la vulnérabilité totale qui nous saisit dans cette obscurité qui donne vie à ce que recèle l’imagination ou les rêves est palpable. Pour le reste il s’agit évidemment de se séparer de parents gênants (par leurs blagues ou leur volonté de rester jeune), de se confronter aux désirs et de sortir tout simplement du monde de son enfance.

Même si Fantastic Birthday peut être charmant, on regrettera son côté trop carré et trop contrôlé qui corsète sa folie et l’empêche de dérégler l’ensemble et de lui apporter un peu d’air.

Titre original : Fantastic birthday

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Durée : 80 mn


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