Cette édition 2013, la 19e du nom, sera chargée en productions subversives, voire sulfureuses, si l’on en juge par exemple la nature des invités : d’un côté les icônes britanniques de la Hammer Martine Beswick et Caroline Munro, dont les plastiques affolantes avaient contribué au culte voué à plusieurs de leurs faits d’armes, notamment Dr. Jekyll et Sister Hyde (Roy Ward Baker, 1971) et Starcrash (Luigi Cozzi, 1978) ; de l’autre, le prophète de l’érotisme expérimental Stephen Sayadian, auteur de Café Flesh (1982) et Dr. Caligari (1989), dont le travail d’esthète fiévreux a fait se rencontrer dans les années 1980 l’école du film X américain et celle de MTV. Carte blanche a été donnée également à deux agitateurs nés, l’un bien connu du public hexagonal, puisqu’il s’agit d’Albert Dupontel, qui viendra également proposer son dernier bébé, Neuf mois ferme, l’autre plus réputé auprès des mélomanes, en l’occurrence Jello Biafra, ex-leader des Dead Kennedys, qui témoignera au public de l’Étrange de ses deux passions : le punk et le cinéma alternatif.
Le Transperceneige de Bong Joon-ho
À charge pour ces invités d’honneur d’animer une quasi-quinzaine surchargée en films prometteurs, qu’il s’agisse de la sélection officielle, des fameuses « Pépites de l’Étrange », de la sélection de documentaires ou des avant-premières allant de la plus prestigieuse (Le Transperceneige de Bong Joon-ho, qui sera présent) à la plus obscure (le très violent Found de Scott Schirmer, tourné pour une poignée de dollars). Certains titres se sont déjà faits un nom à Cannes ou dans d’autres festivals étrangers, comme le thriller Blue Ruin de Jeremy Saulnier, le bizarre Dark Touch, qui marque le retour de Marina de Van, l’indien Ugly d’Anurag Kashyap ou le Borgman d’Alex van Warmerdam. Les fans de fantastique auront comme chaque année de quoi se rassasier, l’offre étant particulièrement attirante (et exigeante) à ce niveau : le glacial The Station de Marvin Kren, l’odyssée spatiale Europa Report de Sebastián Cordero, l’anthologie V/H/S 2 (collectif) ou le très surréaliste English Revolution de Ben Weathley, devraient ainsi faire salle comble.
Comme chaque année, des dizaines de courts métrages venus du monde entier seront également présentés en compétition, parallèlement à la projection de classiques remis sur le devant de la scène, tels que Les 5000 doigts du Dr. T (Roy Rowland, 1953), Elmer Gantry (Richard Brooks, 1960) ou encore le très rare Parents (Bob Balaban, 1989). Pour les plus insatiables, les marathons nocturnes font également leur retour avec une nuit dédiée aux Bad girls de tous horizons, et une autre à Divine, actrice transsexuelle fétiche de John Waters, dont le Polyester (1981) sera diffusé, tenez-vous bien, en Odorama.
Au total, l’Étrange proposera plus de 80 longs métrages, de la fiction au documentaire, auxquels s’ajouteront pour faire bonne mesure des expositions, plusieurs concerts dont un assuré par Jello Biafra, des dizaines d’invités et une ambiance aussi érudite que potache. Un programme immanquable, une fois de plus, dont Il était une fois le cinéma vous fera revivre les meilleurs moments. Bonnes projections !
Haunter de Vincenzo Natali
Retrouvez toutes les informations sur le site internet de l’Étrange Festival.