El Custodio (le garde du corps)

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Rubén est garde du corps. Il est l’ombre d’un autre. Il vit pour cet autre, au rythme et aux ordres de celui-ci. Le thème du film s’impose donc dès l’ouverture : la solitude. Sa présence plane au-dessus du récit, du début à la fin. Le sentiment d’oppression qui s’en échappe atteint le spectateur qui reste […]

Rubén est garde du corps. Il est l’ombre d’un autre. Il vit pour cet autre, au rythme et aux ordres de celui-ci.

Le thème du film s’impose donc dès l’ouverture : la solitude. Sa présence plane au-dessus du récit, du début à la fin. Le sentiment d’oppression qui s’en échappe atteint le spectateur qui reste lui-même derrière les portes closes, aux côtés d’el custodio.

Rubén suit, observe, pense et réfléchit. Il a le temps pour ça. Il passe en effet son temps à attendre ; à attendre que quelque chose se passe. Tout comme le spectateur, qui par moments s’impatiente. Il est vrai que parfois on tourne en rond avec Rubén : on revoit plusieurs fois les mêmes scènes qui sont censées nous renvoyer à la routine et à la monotonie subies par le garde du corps, mais qui nous entraînent trop souvent vers une certaine lassitude.

L’attrait majeur du film réside dans la focalisation choisie par Rodrigo Moreno sur un seul et même personnage : on ne vit le film qu’à travers lui et le regard aiguisé qu’il porte sur tout ce qui l’entoure. Les autres personnages, même le ministre, sont finalement relégués au second plan (ce qui est en soi une bonne conception des choses) et évoluent autour de Rubén, aussi bien dans la sphère personnelle que professionnelle. On ne fait qu’effleurer sa vie, tout comme lui d’ailleurs. Le spectateur ne peut alors rentrer dans ce récit que par les yeux et le corps d’un seul homme, lui-même privé de toute vie, celle-ci se résumant en vérité à son métier. Le grand paradoxe de Rubén est que, en tant que garde du corps, il se doit, par définition, d’être discret, quand bien même son métier lui donne accès à tous les pans (reluisants ou non) de la vie du ministre et de sa famille. Il est donc au courant de très nombreuses choses qu’il ne doit et ne peut révéler. Tout ceci ne fait qu’affermir le sentiment d’isolement dans lequel l’enferme son rôle. Il doit être présent, observer mais sans jamais participer.

El custodio a donc un côté quelque peu ambigu, si bien que le spectateur ne sait pas vraiment comment se positionner. Des aspects moyennement convaincants en somme. Le scénario, par exemple, se distingue par son originalité mais est parfois desservi par la mise en scène. Néanmoins, le réalisateur a eu la très bonne idée de limiter les dialogues, renforçant ainsi cette sensation de solitude qui isole Rubén et donne l’impression au spectateur d’être véritablement seul face à cet homme encore plus seul.

Le gros bémol que l’on peut toutefois attribuer à ce film porte sur le dénouement. Sans le dévoiler, il est nécessaire de mettre en avant son côté absurde. Il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et, même si l’effet de surprise est très souvent agréable et intéressant, il est ici supplanté par l’incompréhension. On ne se l’explique pas car le récit ne laissait pas entrevoir cette fin possible. Le scénario, jusque-là plutôt bon et bien ficelé, se relâche peu à peu et bascule. La tension et le malaise qu’on aurait dû ressentir tout du long ne sont pas présents. Alors la surprise ? Oui. L’incompréhension ? Non.

Le sentiment à la sortie du film est donc mitigé. On ne sait plus quoi penser. Quel est ce message qui arrive à la fin et qu’on n’a pas vu venir ? Le réalisateur avait-il du mal à boucler la boucle ? Pourquoi cette fin si brusque ? Mystère…

Titre original : El Custodio

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Durée : 94 mn


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