DVD « Capitaine Achab »

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Philippe Ramos présentait cette année à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs, son dernier film, « Jeanne Captive », bientôt dans les salles. Après « Capitaine Achab », encore un film d´époque donc, puisant dans l´histoire officielle les mythes et héros d´une fiction populaire, littéraire, païenne ou religieuse.

L’édition en DVD de Capitaine Achab offre aux novices l’opportunité de découvrir l’histoire du célèbre capitaine inventé par Herman Melville qui, dans le Nouveau Monde de 1840, poursuivit Moby Dick, le célèbre cachalot blanc.

Divisé en chapitres, le film se concentre sur la figure du célèbre marin, de l’enfance à la mort, racontée par ceux qui l’ont connu. L’utilisation des voix-off, chaque fois différente, ajoute à l’ensemble un souffle romanesque franchement séduisant, tantôt sensuel, mais éclairant toujours la personnalité d’un homme hors du commun. Un vrai travail du plan, parfois illustratif, puis exprimant soudain des fantasmes enfantins, des fantasmagories étranges, offre un beau spectacle a priori classique. La photographie lumineuse et soignée est l’écrin d’une beauté calme de l’histoire de ce marin « sanguinaire, sans-cœur, sauvage ».

Le récit n’est finalement qu’une succession d’histoires d’amour, de désunions et de fuites entre des couples de personnages. Le père d’Achab et Louise, la jeune fille des bois, la tante sévère avec le pincé Henry, puis Anna, la riche propriétaire qui recueille un Achab abîmé, presque mort. Et enfin, et même surtout, le film mêle la quête de la femme absolue, mélange pour Achab enfant d’une mère disparue et la jeune Louise, son premier amour, avec la quête de cet animal dont la blancheur l’obsède. Moby Dick, qu’il aura poursuivi avec fureur et empli d’une détermination presque effrayante – « Je frapperais les cieux s’ils voulaient m’arrêter » –, serait une métaphore des femmes de sa vie.

Le rapport à la nature du petit garçon, sa soif de liberté se perçoivent dans les plans plus courts, fébriles, de la première partie du film, tandis que l’échéance de l’ultime et fatale rencontre avec Moby Dick fige la mise en scène dans un immobilisme contemplatif. Englobé dans une belle musique anachronique, tantôt folk, tantôt classique, le film s’achève dans quelques scènes de poésie pure, utilisant de vraies / fausses images d’archives, puis numériques, l’inscrivant dans une subtile modernité.

Suppléments DVD

Les rares suppléments comprennent le court-métrage réalisé pour Arte, réalisé en 2002. Cette commande, réalisée dans le cadre d’une série de films ayant pour thèmes le portarit, fut en quelque sorte l’esquisse du futur long-métrage. Sorte de base formelle où les personnages les plus intéressants sont déjà en germe, le court offre une belle idée de mise en scène, abandonnée dans le film de 2007 : faute de pouvoir faire autrement, Philippe Ramos use de gros plans de parties de corps féminins pour représenter la baleine qui hante ses pensées. Belle confusion entre la chair blanche et laiteuse du corps féminin et celle, mystérieuse et entêtante de Moby Dick.

Le court entretien avec le réalisateur (sur un bateau !) revient sur ce passage entre court métrage et projet de cinéma.

DVD édité chez Arte Videos

 


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