Juillet 2004 fut à marquer dune pierre blanche tant lévènement a été de taille. Depuis le dernier Tarkovsky, cest-à-dire Le Sacrifice en 1985, aucun film russe navait eu droit à une sortie internationale. Et Timur Bekmambetov réalisa limpensable en proposant avec Nightwatch, un blockbuster autour dune bataille millénaire entre clans de vampires, le tout avec ralentis « à la Matrix », explosions en cascade, montage speedé et bande-son tonitruante. Tout un programme ! Dautant quil nétait que le premier épisode dune trilogie adapté des best-sellers de Sergueï Loukianenko. Et si les intentions sont là, nest pas Michael Bay qui veut. Faire nimporte quoi oui, mais il faut lart et la manière. Nightwatch souffrait de trop nombreuses maladresses pour être convaincant.
Avec Daywatch, plus de doute. Le réalisateur veut faire du gros film qui tâche, quitte à friser loverdose. Loin de freiner ses effets visuels et son montage torché à la va-vite, Daywatch est un rare exemple de gloubi-boulga où tout et rien se côtoient dans le plus grand foutoir possible. On peut en rire, ce serait dommage de se priver, mais au bout de deux heures le mal de crâne est assuré.
Si lhistoire a son importance, somme toute assez relative – le héros du premier film est accusé par la confrérie des méchants vampires davoir tué une humaine et risque donc de rompre la trêve assurant la paix entre les deux clans-, le réalisateur met un point dhonneur à emballer son produit comme une course contre la montre face aux productions hollywoodiennes. Rien nest trop beau pour offrir un peu de vernis à son film : les acteurs surjouent comme dans les pires pièces de théâtre de boulevard – palme au bad guy en peignoir et en chemise hawaïenne -, les effets spéciaux sentassent les uns sur les autres – Vidocq est en comparaison digeste – et les idées de mise en scène frôlent à tout instants larrêt cardiaque.
Deux exemples, juste pour le plaisir : une Ferrari décolle du trottoir pour atterrir sur le devant dun immeuble sur lequel elle continue sa trajectoire, frein à main, la voiture monte limmeuble à la verticale, re-frein à main, puis entre par lune des vitres comme pour un simple créneau. Belle séquence pour les zygomatiques. Lautre est du même tonneau : le héros, transformé en femme, embrasse sa belle sous la douche (sic), puis, par la magie des sentiments, tous deux se retrouvent sous une cascade deau en pleine nature filmée façon pub pour gel douche, le héros ayant toujours le pommeau de douche à la main (re sic). Incroyable mais vrai.
Dorénavant, le nanar russe existe. Pour inconditionnels et masochistes uniquement.