Cycle Noir Lumière

Article écrit par

Au Forum des Images, assurément le noir est une couleur. Avec une programmation riche et très variée, des rencontres et des conférences, ce cycle propose du 1er avril au 23 mai de regarder l’écran blanc à travers de multiples filtres noirs.

Plus qu’aucune autre couleur, le noir a toujours été une source d’inspiration majeure pour les artistes. Si l’on fait le compte, ne serait-ce qu’en musique, il y a tout de même peu de chansons sur le violet ou le jaune, ni de genres cinématographiques dédiés à ces couleurs. Pourquoi le noir et sous quelles formes s’incarne-t-il ? Peut-être est-ce le genre de réflexions qui ont traversé l’esprit de la programmatrice Isabelle Vanini au moment de la mise en place du cycle Noir Lumière au Forum des Images ? Peut-être pas. Le fait est que le Forum se propose du 1er avril au 23 mai 2010 d’interroger le noir au cinéma à travers une programmation fleuve (150 films annoncés). Des films noirs évidemment, mais pas que… On y croisera la petite robe noire de Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962) ou celle d’Audrey Hepburn dans Diamant sur canapé (Blake Edwards, 1961). On tombera encore une fois sous le charme malfaisant de l’ange noir de Robert Bresson, sous les traits de Maria Casarès dans Les Dames du bois de Boulogne (1945). Mais Zorro viendra aussi nous marquer de la pointe de son épée (Le Signe de Zorro, Rouben Mamoulian, 1941), et c’est après une avalanche de pirates et de blousons noirs que nous pourrons retrouver le plus noir des chevaliers contemporains : Batman tel qu’il a été vu par Christopher Nolan (Batman Begins, 2004 et Batman, le chevalier noir, 2008).
 
Quatre thématiques occuperont les séances du mois d’avril : le noir chic, les expérimentations cinématographiques autour du noir, le noir autoritaire et le noir rébellion. La programmation sera aussi parcourue de conférences en entrée libre. La soirée d’ouverture sera animée par la créatrice Chantal Thomass et l’historienne de la mode Catherine Ormen avant la projection du Prêt-à-porter de Robert Altman (1994).

"Le cycle Noir Lumière est comme une maison qu’on construit : on a des briques qu’on agence. En 2000, on avait fait un thème sur la couleur rouge. C’était la première fois au Forum des images qu’on s’attaquait à un thème métaphorique, conceptuel. On avait envie de refaire cette expérience de la couleur au cinéma et on a pensé à la couleur noire, hautement symbolique, hautement cinématographique.

On a construit la programmation autour des grandes symboliques du noir. J’avais envie de commencer par une touche positive. C’est pour ça que j’ai voulu placer l’élégance, le noir chic en début de cycle. Le mois de mai développera un côté plus attendu de la couleur noire : la mort, le diable… Mais le noir n’est pas que la peur, la mort ou le désespoir. Pour le noir chic, j’ai pensé de suite à Chantal Thomass, à ses guêpières très cinématographiques. Elle a accepté tout de suite. On aimerait la faire réagir à des extraits de films : L’Ange bleu, Cabaret, Loulou… Expliquer comment le cinéma a pu influencer son travail, établir des relations visuelles entre la mode et le cinéma…" Isabelle Vanini
 

Questionner le noir sera l’occasion de visiter tous les spectres du cinéma des origines à nos jours, de Buster Keaton à Raymond Depardon, de Douglas Fairbanks à John Travolta, de Jeanne Moreau à Natalie Portman ou de Kafka aux Doors. Et ainsi de vérifier si le populaire « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » est toujours d’actualité.

Relevant certains aspects de ce cycle et mettant en lumière ce qui nous aura marqué, nous nous ferons régulièrement les échos de cette enthousiasmante programmation.

Cycle Noir Lumière, au Forum des Images, Paris, du 1er avril au 23 mai 2010
Retrouvez la programmation sur www.forumdesimages.fr

 


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…