Coffret DVD Séries : Suspect n°1 et Arabesque

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Deux séries reviennent en DVD. Deux saisons qui, contrairement aux apparences, dépoussièrent le polar. Deux femmes belles et libres.

La vieillesse.
Triste mot ou début d’un bonheur enfin retrouvé. Interrogation subtile et toujours d’actualité qui sonne le glas des images artistiques. Une œuvre cinématographique qui dessine la lenteur d’un héros vieillissant ne peut que s’orienter vers les plaines d’un chef d’œuvre immensément mérité. Jacques Becker l’a parfaitement saisi lorsqu’il demande à sa caméra de suivre radicalement les gestuelles exquises et cabotines de l’ami Gabin. Cela donnera un chant du cygne puissant qui évitera à tous de toucher au grisbi des copains. Plus près de nous, deux femmes, deux solides caractères redonnent des lettres de noblesse à un genre qui avait besoin d’être dépoussiéré: le polar.

La première dame sans camélias se prénomme Jane Tennisson. Au début de la série, elle est inspecteur principal et, du haut de son grade, doit supporter un quotidien particulièrement misérable où se côtoient perversion humaine (des intrigues policières tordues) et harcèlement moral (l’univers viril du commissariat). Dans l’ultime saison (7e saison, 2006), madame la commissaire Tennisson, interprétée par la comédienne Helen Mirren, rempile pour une affaire toujours morbide mais en gardant toujours à l’esprit qu’elle est tout sauf indispensable.

La seconde femme d’honneur est la plus ludique des deux. Jessica Fletcher aurait pu être la cousine américaine de Jane Tennisson. Cette Miss Marple des Temps modernes promène inlassablement son flegme intraitable et sa loufoquerie tenace. Ne surtout pas se fier aux apparences, Arabesque est une série TV importante et diaboliquement bien écrite, et la saison 4 en est l’exemple parfait. Les auteurs, Link et Levinson (déjà responsable de Columbo) ont cette particularité de semer un désordre établi dans une construction narrative commune, ce qui donne une intrigue aux premiers abords farfelue. Plus on avance, plus on sent la logique s’installer délicatement jusqu’à cette chute finale qui réconcilie tout le monde.

Deux séries, deux mises en scène, deux façons de filmer le Temps qui passe. Arabesque par son format court (chaque épisode dure 50 minutes) est une bombe à retardement, glissant ici et là des détails qui trouveront leur sens beaucoup plus loin. Les auteurs font confiance à la perspicacité de leur public et les invitent à revenir assez souvent dans leur cirque macabre. De l’autre côté de l’Atlantique, Suspect n°1 insiste sur les tics et tocs de Tennisson. Ses doutes sont magistralement filmés, ses rires et pleurs sont maintes fois dessinés avec une plume légère et, surtout, ses réflexions sont toujours amenées avec une délicatesse qui frise le génie. 7 saisons et pas moins de 9 épisodes. Chaque enquête de Tennisson dure en moyenne 3 heures. L’idée est culottée et il est rare de nos jours de s’adonner à ce genre de procédure. Le plaisir reste donc double : prendre le temps de suivre un parcours et se faire une propre opinion de ce personnage.

Là où les deux séries se rejoignent, c’est dans la description du caractère féminin. Entre une Jessica Fltecher ludique et une Tennisson troublée, il y a un pont qui les sépare. Erreur ! Observez attentivement leur quotidien et vous verrez que la similitude est quasi similaire. Toujours cette envie de s’affirmer (Fletcher écrit des romans policiers et résout des énigmes tandis que Tennisson lutte pour asseoir ses réflexions en plus de vivre indépendante), toujours ce regard tristement léger, toujours cette sensibilité discrète et toujours cette envie de se lever un beau jour, de pousser la porte de sortie et d’humer les matinées pures…. 

Titre original : Murder, she wrote

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Durée : 42 mn


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