Chroniques de Cannes 2021 : Jour 11

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Plongée en direct du Festival de Cannes 2021.

Aujourd’hui, temps maussade. Puis, la pluie est tombée dans l’après-midi si bien qu’on croyait que la séance du cinéma de la plage qui projetait Le fabuleux destin d’Amélie Poulain serait supprimée. Finalement ça s’est calmé et la projection a bien eu lieu presque sous les étoiles, et de nombreux nuages. Il n’y a plus de saison !

Dès midi, on pouvait déjà rattraper la séance de montée de la veille et assister à la projection de France de Bruno Dumont. France est à la fois le portrait d’une femme, journaliste à la télévision, d’un pays, le notre, et d’un système, celui des médias.  Déjà, de nombreux journalistes et même des blogueurs grincent des dents. Pourtant le film n’est pas le ratage ridicule que certains soulignent. On n’y retrouve pas vraiment la pâte habituelle du cinéaste nordiste sauf pour les quelques séquences vers la fin où la journaliste France s’extasie sur la beauté d’un champ de betteraves détrempé. Il faut dire que Bruno Dumont a dû bénéficier d’un budget conséquent car les décors, les costumes et la mise en scène sont particulièrement soignés. Et, de plus, le casting qui réunit Blanche Gardin, Benjamin Biolay et Léa Seydoux. Cette dernière qui interprète le rôle titre d’une « journaliste » de télévision ultra-médiatisée qui se la joue reporter de guerre dans des mises en scène narcissiques dignes de BHL. En outre, Blanche Gardin qui joue le rôle de son éminence grise peut faire penser à celle des Nicolas Sarkozy et des Emmanuel Macron, actuellement inculpée par l’affaire libyenne, Mimi Marchand. Dans le rôle de l’écrivain ayant pignon sur rue, époux un peu mis dans l’ombre de France la journaliste vedette, Benjamin Biolay qui réussit pour une fois à incarner un peu son personnage, il faut dire qu’il s’agit d’un mollasson qui grenouille dans ces milieux branchés plus qu’hypocrites. On peut reconnaître à Bruno Dumont le talent pour avoir finalement pu offrir son premier vrai rôle à Léa Seydoux, héritière des firmes Gaumont et consort. On y voit même apparaitre l’actuel président de la République dans une vraie fausse conférence de presse. Même si le film se perd en longueur et en regards croisés, et presque des images fixes, on rit un peu, on ne s’ennuie guère et cette critique du monde des médias qui traitent l’info comme du cinéma d’action pourrait faire mouche. Mais las, au fur et à mesure, le film bien qu’ambitieux perd de sa force et de sa superbe. Il faudrait que les cinéastes actuels apprennent à finir un film et, surtout, à faire plus court !

L’après-midi, le film australien de Justin Kurzel, Nitram, est une bien belle surprise car le film, inspiré d’une histoire vraie a le mérite de proposer une fine analyse du comportement d’un jeune homme légèrement pyromane et bipolaire qui va entrer de plain-pied dans le massacre. La peinture de la famille est particulièrement bien menée, de même qu’une mise en scène habitée par un véritable esprit d’observation qui n’impose aucune morale. En Australie dans le milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration.  Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part. Quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire. Le film est en compétition officielle et pourrait créer une surprise, au moins un prix d’interprétation masculine pour Caleb Landry Jones.

En revanche, un peu plus tard, Les intranquilles de Joachim Lafosse avec Leïla Bekhti et le petit-fils d’Isabelle Huppert, Gabriel Merz Chammah, est très décevant. Déjà, le film est bien trop long. Deux heures pour décrire les affres d’un couple dans lequel le mari est bipolaire, n’est-ce pas un peu long et pénible, même si l’interprétation de Damien Bonnard dans le rôle principal est absolument éblouissante et même bouleversante ?

La dernière séance de la journée, avant dernière de ce festival assez mémorable sur de nombreux plans, on pouvait voir un film coréen bien mené, Bi-Sang-Seon-Eon de Jae-Rim Hani. In-ho, policier aguerri, reçoit le signalement d’une vidéo sur une menace terroriste aérienne. Pendant son enquête, il comprend que le suspect est déjà à bord du vol KI501.

Malgré sa peur de l’avion, Jae-hyuk décide d’aller à Hawaï afin de soigner sa fille. La présence d’un homme qui rôde autour de lui en proférant des menaces attire son attention.

Dans le vol KI501 en partance d’Incheon à destination d’Hawaï, un passager trouve la mort de façon inexpliquée. Un sentiment de panique et de terreur gagne l’avion et le sol.

En apprenant la nouvelle, la ministre du territoire et des transports, Sook-hee, met sur pied une cellule de crise anti-terroriste et organise une réunion d’urgence afin de trouver une solution pour faire atterrir l’appareil.

Demain, on espère pouvoir voir le film de Moretti, Tre Piani et Drive my car de Hamaguchi Ryusuke dont on dit le plus grand bien. Nous allons repartir sans avoir pu tout voir malheureusement, mais déjà ce soir on se couche épuisé, content du devoir accompli. Carpe diem.


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