Camille redouble

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La réalisatrice de « Petites » ou d´ »Oublie-moi » s´offre, pour son nouveau film, un retour à son adolescence dans les années 80. Comédie joyeuse et délurée, « Camille redouble » est terriblement réussi.

Les titres de ses précédents films, Les Sentiments (2003), La Vie ne me fait pas peur (1999) et Faut que ça danse ! (2007) révèlent bien la personnalité de Noémie Lvovsky. Heureuse, lunaire, drôle, l’actrice de 47 ans repérée dans des rôles aussi fous que son état d’esprit – à savoir en mère poule dans Les Beaux Gosses (2009) de Riad Sattouf ou en mère maquerelle dans L’Apollonide (2011) de Bertrand Bonello – n’a pas hésité, pour Camille redouble, à être à la fois devant et derrière la caméra.
 
 
Une plongée dans les années 80
 
C’est l’histoire de Camille qui, le soir du Nouvel An et le temps d’une seconde, passe de 40 ans à 16 ans, dans la peau de celle qu’elle était, avec son look, ses soucis et ses préoccupations de lycéenne. Sans trucages ni effets spéciaux, l’actrice Noémie Lvovsky joue le décalage. Elle incarne les deux actrices, tout comme son compagnon dans le film, Éric (Samir Guesmi). Sa bande de copines est toujours là, ses professeurs aux cheveux gras et aux paroles sadiques aussi, ses parents âgés aussi.

Pure science-fiction, Camille redouble n’est pas autobiographique mais personnel. Ses images des adultes, des années 80, de la souffrance adolescente, Noémie Lvovsky les a conservées pour en rendre compte dans son cinéma, un cinéma où l’humour n’efface pas la souffrance. Au casting de son film, on retrouve une folle troupe d’acteurs français auxquels Lvovsky appartient : Denis Podalydès, Mathieu Amalric ou encore Yolande Moreau. Toujours négative quant à son talent, Noémie Lvovsky est passée devant la caméra faute de choix. C’est son producteur, Jean-Louis Livi, la voyant émouvante et drôle, qui a insisté pour qu’elle incarne le premier rôle.

 
 
Noémie Lvovsky et Denis Podalydès 
 
Remonter le temps et revenir dans son passé, cette forme est loin d’être nouvelle : Big (Penny Marshall, 1988) avec Tom Hanks, Peggy Sue s’est mariée (1986) de Coppola, Freaky Friday (Gary Nelson, 1976) avec Jodie Foster ou plus récemment 17 ans encore (Burr Steers, 2009) avec Zac Efron, ont usé du même procédé. Mais Camille redouble dépasse cette idée, ce concept, pour proposer une forme vintage, sympathique et tendre, avec pour ligne directrice un regard sur l’adolescence. Noémie Lvovsky, avec sa touche et son style développés dès ses premiers longs métrages mettant en scène Valeria Bruni-Tedeschi ou encore Emmanuelle Devos, arrive à toucher, sensibiliser, faire en sorte que l’on s’identifie à elle, à son cinéma.

Alors voir Camille redouble, c’est découvrir une réalisatrice-actrice bourrée de talent, d’ironie et de réflexion sur le temps qui passe. Une comédie comme on aimerait en voir plus souvent sur nos écrans français.
 

Titre original : Camille redouble

Réalisateur :

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Genre :

Durée : 115 mn


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