Benvenuti al Sud

Article écrit par

Le remake des Chtis saupoudré de parmesan déclenche quelques rires de plus que l´original. Pas forcément un exploit…

Dany Boon est un génie. Avec Bienvenue chez les Chtis, il a imaginé un concept facilement adaptable dans n’importe quelle contrée. Prenez deux personnes d’un même pays, d’un environnement opposé et placez l’une chez l’autre en jouant sur les préjugés et les péripéties burlesques de cette rencontre. En attendant (très) patiemment la version américaine développée par Will Smith, et pourquoi pas la version belge avec Flamands et Wallons, les Italiens sont les premiers à avoir dégainé en proposant Benvenuti al Sud, utilisant le même principe lui ajoutant quelques particularités de la comédie italienne.
Cette adaptation voit Alberto, directeur d’un bureau de poste à Milan, se faire muter près de Naples, entre les mafiosi et les poubelles. Il y rencontre, Mattia, sympathique autochtone qui deviendra son meilleur ami pour la vie. La perspective de parodier l’univers napolitain nous semble alléchante surtout lorsque les producteurs ont la bonne idée d’utiliser l’un des scénaristes de Gomorra pour pimenter le script.
Anticipons tout faux suspense, Benvenuti al Sud est à peine plus drôle que la version française à l’humour déjà peu original et percutant. Cependant, on note une légère amélioration grâce à une palette de gags plus diversifiée. Quand le film de de Dany Boon ne fonctionne que sur les écarts de langage, la version italienne soumet des personnages secondaires aux physiques incroyablement comiques (et souvent édentés), des confrontations sur le style de vie et le comportement, utilisant la culture napolitaine bien plus riche en stéréotypes et dérision possible que le Nord de la France. Les personnages féminins sont repensées et possèdent une meilleure exposition voire même un sens comique, inexistant dans la version française. Certains gags visuels fonctionnent et déclenchent quelques sourires comme le gilet pare-balle qu’enfile sans interruption Alberto, dans sa nouvelle vie napolitaine (au lit, au travail, pour faire des courses…).
Bien sûr, il est plus facile de construire une histoire quand le concept a déjà eu du succès. Dans ce film, il est « italianisé » à base de religion, plans sexy sur courbes généreuses, histoires de maitresse et gags culinaires réguliers. Le succès de Bienvenue chez les Chtis permet à cette adaptation de proposer un rendu moins timide, de foncer dans le préjugé sans arrière-pensées ainsi que de bénéficier d’une meilleure construction avec un rythme plus pêchu. Elle lui manque juste une réelle saveur humoristique…

Titre original : Benvenuti al Sud

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Durée : 104 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…