Bee movie – drôle d’abeille

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Dernier bébé pixelisé des studios DreamWorks, Bee Movie se veut le parangon de la nouvelle comédie animée au service des arthropodes en mal de vivre. Thématique rebattue depuis Fourmiz (1998), cet énième essai anthropomorphiste plonge au cœur d’une ruche de Central Park afin d’y découvrir le microcosme d’une communauté où l’individualisme est vécu comme une […]

Dernier bébé pixelisé des studios DreamWorks, Bee Movie se veut le parangon de la nouvelle comédie animée au service des arthropodes en mal de vivre. Thématique rebattue depuis Fourmiz (1998), cet énième essai anthropomorphiste plonge au cœur d’une ruche de Central Park afin d’y découvrir le microcosme d’une communauté où l’individualisme est vécu comme une anomalie. Vous devinez la suite ? Barry Benson, abeille peu ordinaire, se sent mal à l’aise dans cet environnement codifié. Décidé à ne pas se laisser enfermer dans une vie de labeur, il prend son envol afin de découvrir le monde pour, sans le savoir, en modifier conséquemment la physionomie. Rompu aux divertissements calibrés, le studio ne change pas sa politique en réalisant un film assez convenu mais qui, bizarrement, se regarde avec plaisir et réserve même quelques surprises. Explications.

L’humour en premier lieu. Celui-ci s’avère beaucoup plus subtil dans sa démonstration, s’offrant même le luxe d’apparaître en dehors des références (Ray Liotta et Larry King en tête) que cultivent à satiété les pontes de DreamWorks. Cette valeur ajoutée provient du scénariste / producteur / humoriste Jerry Seinfeld. Figure incontestée du petit écran outre-Atlantique, il prête sa voix au héros ailé qu’il a lui-même créé pour monsieur Katzenberg. Cette double casquette insuffle une dynamique rafraîchissante que seule la partie du procès viendra dégonfler. Nous rions de bon cœur, sommes séduits par la tenue des dialogues et si l’ensemble n’est pas d’une très grande originalité, la qualité des situations dans les différents rapports qu’entretiennent les personnages font de Bee Movie un divertissement plus que convenable.

Bien que l’idée de Bee Movie (jeu de mot signifiant à la fois film d’abeilles et film de série B) ait été lancée « comme cela », au cours d’un dîner entre Jerry Seinfeld et Steven Spielberg, le scénario du « showman » recèle une. Les abeilles parlent le langage humain et peuvent donc communiquer avec ces « monstrueuses créatures » adeptes d’écrabouillements à l’encontre des insectes volants. Cette idée géniale, responsable d’une interaction inédite entre les deux espèces, n’est malheureusement pas assez développée. Seinfeld a tout de même la présence d’esprit de mettre au même niveau l’homme et l’abeille pour tisser une histoire qui se joue autour d’un conflit d’intérêts. Si la narration penche inévitablement du côté de l’humain au détriment des apoïdes (les abeilles), l’ensemble reste cohérent, accepté par le spectateur et suffisamment rythmé pour enlever l’adhésion.

A la suite de ce fameux procès aux rebondissements téléphonés, tout s’enchaîne un peu trop vite et la fin, moralisatrice à souhait, expédie en quelques plans une histoire originale pour ne pas dire inventive. Est-ce dû au brave Seinfeld ou bien à la toute puissante compagnie inflexible sur le happy end de rigueur ? Nul ne peut le dire, mais il ne faut pas non plus trop en demander à un humoriste de télévision. Nous rêverons alors de ce dessin animé puissant et majestueux que nous aurait offert la paire magique Miyazaki / Bird.

Titre original : Bee movie

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Durée : 90 mn


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