Alain Resnais : dramatisation du passé, dépression au présent

Article écrit par

Alain Resnais, l´un des plus talentueux cinéastes de l´Histoire du cinéma français. Resnais a traversé les époques sans être catalogué, l´originalité du bonhomme et sa discrétion ayant fait de lui un cinéaste en marge, au talent hors norme.

Resnais aime travailler avec son temps, son époque et la mémoire. Il aime aussi retracer les fils de la vie.
De Boulogne à Auschwitz, l’homme n’a jamais cessé de considérer le temps comme une matière. Dans Muriel, il fragmente un présent qui craquelle sous les coups de boutoirs de la guerre d’Algérie ; dans Nuit et Brouillard, il oppose au présent et au réel la hantise de la géométrie concentrationnaire. Hiroshima mon amour est l’écrin de la statufication des corps, et de la fossilisation de l’Humaine condition comme une substance grise, désacralisée et blessée.

Je t’aime je t’aime, ou comment le bégaiement d’un titre devient la matrice de la réactualisation du passé de Claude Ridder. La tragique histoire d’amour se consume dans son passé et dans l’impuissance du héros à sauver ce qui lui est de plus cher. Providence, lui, correspond au sentiment que la vie s’arrête, et à une prose cinématographique hétérogène questionnant la notion de création, une plongée dans la mémoire ainsi que la reconstruction d’expériences vécues ou fantasmées.

Entre lyrisme et cauchermar, entre passion et massacre, Alain Resnais oscille sans cesse d’un extrême à l’autre. Les films choisis dans sa filmographie, pour « le coin du cinéphile » de cette semaine, servent à définir l’insaisissable objectif, l’évanescente surprise d’un auteur, au sens noble du terme.

Réalisateur :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Carlo Lizzani : un cinéaste de conviction à réhabiliter

Carlo Lizzani : un cinéaste de conviction à réhabiliter

Le cinéma transalpin est jalonné de francs-tireurs forgés tout du long par une intime conviction de la réalité socio-historique de leur pays. Carlo Lizzani est de ceux-là qui se fit un devoir de débusquer l’hydre du fascisme dans nombre de ses films. La cinémathèque lui rend un hommage appuyé du 2 mai au 24 mai. L’occasion de faire découvrir et réhabiliter un cinéaste militant consacré par ses pairs. Focus sur « La chronique des pauvres amants qui lui valut le prix international du Jury à cannes en 1954…