Une Femme heureuse

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Énième film sur la séparation d´un couple, « Une Femme heureuse », malgré d´excellents acteurs, n´arrive pas à convaincre.

Pleins feux sur Gemma Arterton

On sent tout de suite que le film repose sur ses acteurs, et notamment Gemma Arterton, particulièrement attachante et crédible. On sent bien aussi que c’est un film d’intuition, basé sur une alchimie qui se crée peu à peu à partir d’improvisations. L’autre acteur, le mari un peu bourrin mais pas méchant, c’est le génial Dominic Cooper à la fois cassavettien, mais surtout bon gars lourdaud, petit commercial de la banlieue londonienne, qui ne voit pas que sa femme déprime grave. C’est donc l’histoire d’un couple qui va mal comme on en connaît des millions de par le monde. Pas de quoi en faire un film, nous direz-vous ? Mais pourquoi pas, en fait ! On sent bien qu’il s’agit en effet d’un film presque réalisé à l’arrache, en tout cas très rock and roll comme le dit Gemma Arterton dans le dossier de presse, tourné vraiment in situ, parfois en temps réel. « Je procède toujours en étroite collaboration avec les acteurs, déclare le réalisateur Dominic Savage. D’ordinaire, j’ai une ébauche d’histoire, je cherche les acteurs qui vont correspondre à mon projet, puis nous improvisons ensemble les dialogues. Le projet d’Une femme heureuse s’est développé très naturellement. Je voulais commencer avec une actrice, travailler avec elle pour trouver une histoire qui fonctionne. En l’occurrence, cette actrice était Gemma Arterton. »





La dame à la licorne

C’est aussi un film cadré très serré qui a dû donner du mal à la directrice de la photographie, Laurie Rose, parce qu’il faut que les visages et les corps, en perpétuel mouvement en raison des déchirements qui les habitent, soient à la fois beaux et tiraillés entre fureur et abandon, entre douleur et renoncement. Bien sûr, Gemma Arterton s’y prête parfaitement, mais Dominic Cooper aussi, tout en restant en retrait puisqu’il ne comprend jamais très bien l’enjeu et la gravité de la douleur de son épouse qui en vient à devenir odieuse avec ses enfants, tant elle souffre et ne supporte plus de vivre enfermée dans son couple et sa maison de banlieue. Même sa mère, en parfaite petite prolote londonienne, ne comprend rien à son déchirement et ne lui parle qu’en termes prosaïques de maison, de confort et de stabilité. C’est le jour où elle décide de s’accorder enfin quelques heures de flânerie dans Londres qu’elle trouvera chez un bouquiniste un livre d’art sur La Dame à la licorne qu’elle trouvera enfin une raison d’être.

 





Une nouvelle Emma Bovary ?

Le choix de cette dame à la licorne n’est sans doute pas innocent. C’est une célèbre tapisserie française du Moyen-âge, exposée au Musée de Cluny, qui évoque les cinq sens. Il est vrai que Tara a besoin de retrouver ses sens, même si la licorne est un animal emblématique imaginaire qui évoque maintenant l’impossibilité de l’amour. C’est en fuyant tout, en partant peut-être de manière aussi imaginaire, vers Paris par le TGV, qu’elle découvrira la tapisserie (même si, sur le plan réaliste, le musée est fermé depuis des mois pour réfection ceci dit pour éviter qu’une spectatrice ou un spectateur de province ne fasse le voyage pour rien) et aussi un Français, Philippe, interprété par Jalil Lespert, avec qui elle passera une nuit et qui la décevra tout autant que son mari. Un peu empreint de bovarysme, Une femme heureuse déçoit un peu justement parce qu’il ne parvient pas jusqu’à la folie du personnage, à la fois rêveur et profondément violent contre cette vie qu’elle n’a jamais acceptée que nolens volens.

Titre original : The Escape

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Durée : 105 mn


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