Twilight – Chapitre 2 : Tentation

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Carton au box-office assuré pour cette gentille adaptation sur grand écran des best-sellers de Stephenie Meyer, narrant les amours impossibles entre une jolie lycéenne et un vampire végétarien.

Prélude indispensable au visionnage de ce film : la capacité (et l’envie) de replonger, l’espace de deux heures, dans les tréfonds de l’adolescence, époque des déclarations d’amour sur cahier de texte, papillons dans l’estomac et soirées pyjamas. Twilight  – Chapitre 2 : Tentation, adaptation par Chris Weitz de la tétralogie mondialement vendue de Stephenie Meyer, est un blockbuster romantique au succès prévisible, taillé sur mesure pour les jeunes filles en fleurs, à l’image de sa bande-son : du teenage-rock efficace bien qu’un peu pompier (Lykke Li, Muse, The Killers et même les français BB Brunes). Une friandise que ne bouderont pas les post-adolescentes (de 17 à 77 ans) en quête d’un plaisir aussi coupable que la lecture d’un roman Harlequin ou d’une histoire de Marc Levy.

 

Robert Pattinson, l’homme dont le moindre mouvement déclenche l’hystérie féminine, incarne Edward Cullen, version aiguisée du gendre idéal : un vampire centenaire, certes, mais poli, cultivé et végétarien. Dans le premier épisode de la saga, Bella (Kristen Stewart) avait succombé dès le premier regard à son charme blafard et mystérieux et réussi, après maintes péripéties, à se faire accepter par toute sa famille de buveurs de sang. Le deuxième chapitre, Tentation, s’ouvre sur une fête d’anniversaire organisée chez les Cullen, pour les 18 ans de Bella. Un cadeau un peu trop tranchant et voilà qu’elle se coupe, répandant sur la moquette quelques gouttes d’un sang au parfum irrésistible.

Elle qui rêvait d’être à jamais « transformée » par une morsure de son prince charmant, la voilà échappe de justesse à un sort de casse-croûte. Mais c’en est trop pour Edward, qui préfère quitter sa belle plutôt que l’exposer à nouveau à l’appétit de ses congénères (ainsi qu’au sien). S’ensuit une longue période de dépression pour l’adolescente, qui va tout de même reprendre goût à la vie aux côtés de son meilleur ami, Jacob (Taylor Lautner). Manque de bol, le Best friend for ever se révèle être un loup-garou, ce qui place notre héroïne dans une situation inextricable, puisque les lycanthropes, comme chacun sait, sont les ennemis jurés des « sang-froid ».

 

Après la « fascination », place donc à la « tentation » (pour information, les tomes suivants ont pour titre Hésitation et Révélation). L’enjeu de ce deuxième film – le précédent s’était révélé un peu décevant, malgré un bon potentiel – était de restituer avec la même fraîcheur que Stephenie Meyer les troubles adolescents, sans tomber toutefois dans l’excès de mièvrerie (les romans ayant déjà atteint le seuil maximum autorisé).

À défaut de relations sexuelles (on parle bien ici de tentation, pas passage à l’acte), la tension sensuelle entre ce trio de jeunes corps bouillonnants est, elle, bien palpable. Chris Weitz, le réalisateur (Pour un garçon ; A la croisée des mondes : la boussole d’or) n’en est pas peu fier. « Un film sexy sans sexe, c’est révolutionnaire non ? », s’amusait-il, de passage à Paris pour la promotion du film. Et Kristen Stewart (Panic room ; Into the wild) d’anticiper les inévitables critiques sur le caractère très moralisateur du scénario (thèse tout de même renforcée par le fait que la romancière est mormone) : « c’est vrai, les personnages refreinent leurs désirs. Mais s’ils acceptent de souffrir autant, c’est bien qu’au fond d’eux ils ont envie d’attendre ». 

Pourquoi pas. Ce n’est de toute façon pas dans sa « chasteté » que résident les principales faiblesses du film (le désir inassouvi est, après tout, un ressort dramatique vieux comme le monde). On regrettera plutôt le peu de naturel de certaines scènes trop évidemment conçues pour finir en poster sur les papiers peints des jeunes filles (voir l’empressement du très musclé Jacob à arracher son t-shirt pour s’en servir de garrot et le festival de torses glabres qui s’ensuit) ainsi que le manque de légèreté des personnages. Kristen Stewart – par ailleurs délicieuse – semble passée maître dans l’art de la moue contrariée et Bob Pattinson (moins présent à l’écran dans ce deuxième chapitre) nous paraît un peu dépressif. Côté scénario, la présence d’un « vrai » méchant fait également défaut. Enfin, les effets spéciaux laissent clairement à désirer (non, un vampire qui scintille au soleil, ça ne fait pas peur… ça fait rire !).

 

Au crédit du réalisateur toutefois : l’atmosphère pluvieuse et envoûtante de Forks, petit bled paumé du Nord-Ouest américain, coincé entre une forêt luxuriante, comme dotée d’une vie propre et les côtes rocheuses et menaçantes de la Péninsule olympique. À noter également, le très bon casting de seconds rôles. On retiendra surtout la prestation de Billy Burke, joliment convaincant et touchant de maladresse dans le rôle du père démuni face à sa fille grandie trop vite. Rien de neuf sous le ciel gris de Forks. Juste une jolie histoire d’amour, énième variation autour de l’inépuisable Tristan et Yseult. Après Roméo et Juliette, Paul et Virginie, place, dans les coeurs adolescents, à Edward et Bella.

Titre original : New Moon

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Durée : 130 mn


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