The Troll Hunter

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<< Mockumentaire >> à grand spectacle et farci d´auto-dérision, « Troll Hunter » étonne autant qu´il amuse. L´humour n´y est pas toujours finaud, mais ce voyage nordique vaut le détour.

Cela finira par arriver aux oreilles des grands producteurs qui ne jurent que par les formules établies, les remakes de séquelles et les adaptations de romans à la mode : pour attirer l’œil du spectateur et assurer une renommée quasi-instantanée à un film, rien ne vaut une bonne idée, originale, excitante et si possible jamais vue. Un pitch pas forcément résumable rapidement (c’est un exercice qui peut vite révéler ses limites et nous faire retomber dans les travers justement dénoncés) mais suffisamment intriguant pour que l’imagination s’emballe. Pour son deuxième film, le cinéaste norvégien André Ovredal a réussi ce pari au-delà de toute espérance : dès son titre, Troll Hunter suscite la curiosité, d’autant plus qu’il se déroule effectivement en Scandinavie, patrie des fameux géants poilus, et dans un monde bien réel, loin des contrées rêvées et lointaines du Seigneur des Anneaux.

Pour crédibiliser un peu plus son idée, Ovredal a choisi d’emprunter la voie du faux documentaire, ou « mockumentaire ». Place donc, comme dans Le Projet Blair Witch ou Rec, à la caméra à la première personne, à l’image tremblotante et au grain gros comme le poing. Aussi artificiel qu’il soit, ce gadget donne, de manière étonnante, une certaine ampleur à Troll Hunter et un point d’équilibre – fragile mais bien réel – entre comédie désinvolte et film d’action épique.

 

Vis ma vie de chasseur de trolls

L’histoire est d’une simplicité enfantine : trois étudiants (tiens, tiens…) se lancent dans un projet de documentaire sur les trolls, traquant des traces de leur existence sans trop y croire, dans les régions les plus désertes et sauvages du pays. Ils vont bientôt tomber sur un mystérieux chasseur isolé dans sa caravane, qui semble travailler pour le gouvernement… en tant que chasseur de trolls !

Voilà pour le pitch, dévoilé progressivement avec un humour pince-sans-rire par un réalisateur qui préfère se reposer sur l’improvisation de ses comédiens, pour privilégier encore une fois le « réalisme » de l ‘image plutôt que l’efficacité narrative. C’est le principal écueil, dans ce type de projet exploité souvent à tort et à travers : oublier que le cinéma est aussi une affaire de rythme et d’intelligence du dialogue. A trop vouloir insister sur le décalage humoristique entre l’énormité du propos et le sérieux papal de son taciturne héros (le fameux chasseur, affuté comme le Quinn des Dents de la Mer, mais aussi syndiqué et mécontent de ses conditions de travail !), ainsi que sur le caractère « pieds nickelés » de son trio d’apprentis reporters, Ovredal se retrouve souvent dans l’impasse, devant se reposer sur des effets spéciaux heureusement bluffants pour retomber sur ses pattes.

 

Shadow of the trolls

Car oui, de trolls, le film n’en manque pas, et les expose généreusement, que ce soit au détour d’une rencontre nocturne et se voulant effrayante, d’un piège à l’ancienne sur un pont, ou d’une périlleuse avancée dans une caverne. Pour un film à petit budget tourné sous le radar, Troll Hunter impressionne franchement et réussit à faire oublier ses carences stylistiques et narratives par des séquences remplies d’une certaine poésie, notamment durant son finale, dont la mélancolie renvoie au jeu Shadow of the colossus. Malgré certains gags parfois patauds et appuyés, Ovredal ne cache jamais l’amour qu’il porte à ses grosses bêtes, titans à l’esprit d’enfant montrés comme une espèce en voie de disparition, un patrimoine local qu’il convient de protéger à tout prix. Pas étonnant donc que les Norvégiens aient fait un triomphe au film.

En matière de film de genre, Troll Hunter replace une fois encore la Scandinavie sur le devant de la scène, par l’originalité de son propos, son humour aussi particulier que rafraîchissant et sa capacité à utiliser des recettes éprouvées (et parfois éprouvantes, la caméra portée étant parfois un vrai calvaire à subir sur grand écran) pour créer des œuvres totalement inédites. Prochaine démonstration en décembre, avec Rare Exports, qui s’attaque lui au mythe bien nordique… du Père Noël !

Titre original : Trolljegeren

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Durée : 103 mn


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