Film déstabilisant et un peu immature, à l´image de ses personnages, « The Color Wheel » parvient néanmoins à nous toucher.
Représentant atypique du renouvellement actuel du cinéma indépendant états-unien, The Color Wheel est le deuxième long métrage d’un jeune réalisateur plein de promesses, Alex Ross Perry, également interprète du rôle masculin principal et cosignataire du scénario. D’emblée, le titre a de quoi surprendre, l’allusion au cercle chromatique pouvant paraître insolite au regard du noir et blanc très granuleux de la photographie – choix esthétique qui rappelle la texture un peu sale des vidéos d’antan et confère un cachet intimiste, voire clandestin à ce film, en symbiose avec son contenu. C’est que The Color Wheel explore les relations compliquées d’un drôle de couple, et son titre pourrait désigner dans cette optique la large palette de névroses ainsi couverte.
Bien que frère et sœur, Colin et JR sont aux antipodes l’un de l’autre. Elle se rêve en présentatrice de météo, déborde d’ambition, multiplie les initiatives et les maladresses. Lui est neurasthénique, velléitaire, compense mollement son apathie de looser par des pointes de cynisme. Le récit s’articule autour d’un road-trip déclenché par la rupture entre JR et son professeur : la jeune femme souhaite récupérer ses affaires chez son ex-amant et demande à Colin de l’accompagner. La première étape de leur périple, une nuit dans un motel, frappe déjà par son ironie caustique. Par la suite, de la visite chez le professeur à une soirée entre anciens camarades de lycée, le film enchaîne en roue libre pics d’humour acerbe et séquences intimistes, moments de jubilation contagieuse et plages inattendues de malaise.
The Color Wheel suggère, par-delà les dissemblances entre JR et Colin, une troublante symétrie entre leurs existences à la dérive. La première qualité du film est sans doute d’avoir su donner vie à cette relation frère-sœur paradoxale, faite de déchirements et de complicité. Au-delà de la saisissante alchimie entre les deux interprètes, la mise en scène semble surtout travaillée par le désir de filmer le verbe, ou plus exactement les êtres humains à travers le verbe. Ce qu’ils se disent, se taisent. Les mots qui fusent entre eux, et la manière fascinante dont cette logorrhée dresse un pont ou érige des malentendus. Les paroles, à force de s’accumuler, finissent par perdre leur caractère convenu et opacifiant. D’hypocrites, les mots glissent vers une ironie abrasive, puis acquièrent un pouvoir de dévoilement. La caméra capte une montée presque érogène de la provocation, avant de toucher aux sources de l’humiliation et de la jalousie, de la haine et du désarroi. Le film culmine ainsi dans son dernier tiers. Pour autant, il peine à dépasser le hiatus entre le mal-être dont il se voudrait une radioscopie et une sensation persistante d’artificialité, liée peut-être au poids des références – de Woody Allen et John Cassavetes aux romans de Philip Roth en passant par les photographies de Robert Frank. Cela dit, ces affectations et les facilités d’une intrigue qui en définitive tourne un peu court ne nuisent pas à la sincérité désemparée qui habite le film. Espérons seulement qu’Alex Ross Perry ne perde pas dans ses œuvres à venir ce subtil mélange de dureté et de tendresse qui fonde la précaire beauté de The Color Wheel.
La rentrée cinématographique ne doit pas éclipser la reprise restaurée de « L’emprise », œuvre-charnière coïncidant avec l’instauration du code Hays de censure instauré le 1er Juillet 1934. La romance dévoyée marque un tournant décisif après une période licencieuse pré-code de quatre ans. Rembobinage.
Tiré d’un fait divers réel, « La Noire de… « est avant tout un réquisitoire subversif à portée universelle qui interroge tragiquement sur les préjugés raciaux et la manière de les combattre. Diouana, jeune Sénégalaise en mal d’émancipation, est déclassée puis réduite à l’anonymat de la couleur de sa peau dans une dépersonnalisation postcoloniale….Analyse …