Star Trek Sans Limites

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Un des meilleurs blockbusters de l’été.

Star Trek Beyond est le troisième volet de la refonte de la célèbre saga spatiale cinématographique et télévisée. J. J. Abrams avait réussi un efficace et malin lifting avec Star Trek (2009), bousculant les acquis à l’aide d’une astucieuse notion d’univers parallèles et de retour aux origines de l’équipage de l’Enterprise – on aurait aimé autant d’audace pour son Star Wars – Le Réveil de la Force (2015), redite paresseuse et sans surprise. Star Trek Into Darkness (2012) s’avérait plus décevant, handicapé par une tonalité sombre et terre à terre qui oubliait la notion d’exploration et d’évasion associée à l’univers de Star Trek. De plus, Abrams se perdait en tentant les variations maladroites sur la trame de la saga originale, la conclusion reprenant celle de Star Trek 2 : La Colère de Khan (Nicholas Meyer, 1982). Abrams parti signer Star Wars – Le Réveil de la Force, ce troisième épisode aura laborieusement vu le jour au fil des réécritures et de la valse des réalisateurs, le scénariste Robert Orci supposé le mettre en scène étant écarté au profit de Justin Lin. Le scénario au départ pensé pour s’inscrire dans la lignée semi-référencée des précédents sera également remanié entre autres par Simon Pegg. Le résultat accouche d’une aventure plutôt dans l’esprit d’un épisode standard de la série originale, gonflé à la sauce blockbuster. Ce n’est pas un mal, grâce à l’abandon tant des gimmicks narratifs de J. J. Abrams que de cette tendance actuelle (initiée par Marvel) de penser un film de manière plus large, en envisageant le moindre élément dans le cadre d’une franchise globale et sur le long terme. Star Trek Beyond assume donc son côté one-shot sans autre ambition que de livrer l’aventure la plus trépidante possible. Justin Lin, habile faiseur, avait su étonnamment relancer l’intérêt pour la moribonde série des Fast and Furious – notamment un épisode 5 (2011) parvenant au plaisir régressif que n’atteignait jamais, dans le même esprit, Stallone et ses Expendables (2010, 2012 et 2014) – et offre un spectacle drôle et efficace.

 

Mondes inconnus, bestiaires foisonnants – parfois sources de rire à l’image de l’introduction – et Fédération en péril rythment donc le récit auquel on pourra reprocher un certain manque de profondeur dans le cheminement des personnages. Mais cela participe à la logique du "tout pour l’aventure", le canon et les archétypes de l’équipage ont été établis dans les deux premiers volets et Justin Lin inscrit et résout les questionnements intimes dans l’action. Le sentiment de vide du Capitaine Kirk (Chris Pine) au milieu de la monotonie du voyage de l’Enterprise, les doutes de Spock sur son couple et les responsabilités de sa part vulcain sont bien là, sans céder à des moments introspectifs forcés. Le méchant incarné par Idris Elba se révèle progressivement selon une idée empruntée à un classique SF contemporain – le formidable Sunshine (2007) de Danny Boyle. La lourdeur référentielle d’Abrams est oubliée avec un beau et simple hommage à Leonard Nimoy et à l’équipage originel lors de la conclusion. Les nouveaux personnages sont très réussis (très attachante Sofia Boutella) et les anciens ont chacun droit à leur moment. Les scènes d’action "terriennes" sont parfois un peu confuses mais tout ce qui relève du space opera est du plus réjouissant, notamment une bataille finale au rythme du Sabotage (1994) des Beastie Boys, magistralement utilisé. Dans un été de blockbusters assez globalement sinistré une fois de plus – pour un Jason Bourne (Paul Greengrass) correct, des affreux Suicide Squad (David Ayer) et Independance Day Resurgence (Roland Emmerich) -, Star Trek Beyond rempli son quota de divertissement.

Titre original : Star Trek Beyond

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Durée : 123 mn


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