Sparrows

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Film d´apprentissage dans les fjords islandais. Mineur mais sensible.

"Sparrows traite du passage à l’âge adulte d’un jeune homme traversant une période de transition, mais le film parle aussi de relations père-fils, d’intégration, de retour aux sources, de masculinité, d’amour, de perte et de pardon." C’est le programme à plusieurs entrées de Rúnar Rúnarsson pour son second long métrage Sparrows, après Volcano, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2011. Nous suivons Ari, adolescent qui doit quitter Reykjavik, où il habitait avec sa mère qui change de travail, afin d’aller vivre chez son père dans un village de pêcheurs isolé dans les fjords islandais. Sur ce bout de terre nébuleux et austère, le cinéaste fait vivre à son jeune héros, interprété avec justesse et fragilité par Atli Oska Fjalarsson, un ensemble d’expériences émotionnelles relatives aux sujets qu’il souhaitait aborder.
 

Le cadre du film accompagne ces bouleversements à la fois avec délicatesse et rudesse, comme un paysage d’Islande métaphorique, les plans d’ensemble d’une nature à préserver mais qui gronde, à l’image de la vie difficile menée dans un quotidien difficile qui s’articule autour de l’usine à poissons où Ari travaille pour l’été, de la vie de pêcheur de son père, et de rendez-vous alcoolisés d’adultes dans la maison de ce dernier. Tourné en Super 16, avec une pellicule qui densifie et donne du relief aux espaces, aux personnages qui s’y meuvent, Rúnar Rúnarsson témoigne d’une sensibilité fine et à l’expression feutrée. Dans une atmosphère froide, la voix cristalline de contreténor d’Ari, chanteur lyrique à ses heures perdues, cohabite avec les heures passées à baigner au milieu de carcasses poissons. La dureté poétique du film se loge dans de petits morceaux diffus au sein des plans : ici un papier peint aux motifs d’animaux accroché au mur, une initiation à la chasse maladroite entre père et fils. A l’instar des moineaux qui donnent leur nom au titre, l’âme du film est dans l’air, difficilement palpable et pourtant bien présente. Il est dommage donc que les thèmes travaillés par le cinéaste ne soient qu’esquissés, comme une suite d’événements qui passe quelqu’en soit la teneur ou la violence.

Peu de temps est imparti pour faire connaissance avec tous les personnages qui marquent soudainement la vie d’Ari : une grand-mère affectueuse, un père avec un bon fond mais irresponsable jusqu’à présent vis-à-vis de son fils, une petite amie à l’horizon, une bande de copains et puis autant de scènes liées à cette galerie de l’entourage d’Ari qui s’enchaînent, viennent bouleverser cette fausse quiétude. L’adolescent fait l’expérience de la découverte des sentiments et du plaisir charnel, de l’âpreté et de la violence du monde de façon un peu trop programmatique. Conservant son mélange entre atmosphère éthérée et douloureuse, le moineau semble avoir le ventre trop plein. Mais le film s’achève, comme il a débuté, sur une note aïgue délicate.

Titre original : Sparrows

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Durée : 109 mn


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