Contrairement à nombre de suites pensées dès l’écriture du premier volet, Rec 2 est le fruit direct du succès du premier opus, fort apprécié du public. Les réalisateurs et scénaristes – Jaume Balaguero, Paco Plaza et Manu Diez – se sont remis au travail en élaborant une suite logique (l’histoire commence là où se termine le premier film, tout comme dans The Descent 2), trépidante mais un brin brouillonne au vu de la multitude des effets visuels liés à l’emploi de différents types de caméras : mini-caméras fixées à un casque, caméra à l’épaule ou en main.
Les autorités viennent de perdre le contact avec les occupants de l’immeuble mis en quarantaine. La brigade d’intervention spéciale, accompagnée d’un soi-disant docteur, a pour mission de rentrer dans l’immeuble afin d’y récupérer un objet nécessaire pour combattre le virus. Une fois entré et arrivé au dernier étage, le docteur se verra forcé de dévoiler le secret qu’il cachait…
L’histoire est plus fouillée que dans la précédente – plus linéaire –, prenant des chemins de traverse et s’enrichissant. Rec jouait davantage sur les mécanismes employés pour faire peur que sur l’identité de l’objet de cette peur, procédé qu’avait déjà exploité un Projet Blair witch novateur à l’époque. Ce fut pourtant sur un principe identique et banalisé que reposa le succès de ce premier volet utilisant la caméra à l’épaule comme personnage à part entière. Procédé de manipulation consistant à impliquer le spectateur dans l’histoire, tout en le frustrant et l’angoissant, sachant qu’il ne peut être le maître de l’action (contrairement à l’expérience d’un jeu video).
Passé la première séquence prétexte à la mise en action des caméras, ruse de scénaristes plausible car argumentée, nous rentrons ici dans l’histoire avec un plaisir masochiste accru. Pour cette suite, les auteurs-réalisateurs privilégient la multiplicité des points de vue : histoires parallèles des agents spéciaux et des jeunes rentrés par effraction dans l’immeuble, emploi de différents types de caméras et donc de plusieurs écrans qui interviennent à tous moments, s’éteignent et se rallument tout au long du film. Toute cette artillerie technique peut paraître un tant soit peu indigeste, mais ce fouilli organisé instaure un climat angoissant qui accentue l’intensité dramatique et permet de donner une consistance à une idée de base déjà bien exploitée au cinéma : la possession, le diable contre l’église. Les scénaristes argumentent toutes les invraisemblances, et vont loin dans leur délire comme nous le montre la dernière séquence, prémice possible d’un troisième volet. Ils poussent le vice jusqu’à donner un rôle nouveau à la caméra : grâce à son infrarouge, elle filme ce que l’on ne peut voir. Nous sommes donc spectateurs d’un champ invisible pour quiconque n’est pas derrière la caméra. Perplexité revient à grand pas.
Mais passé le côté divertissant du film et l’intérêt du travail complexe du directeur de la photo Pablo Rosso et du monteur David Gallart, le tout reste tout de même bien anecdotique, vu que l’on ne s’attache pas véritablement aux personnages, la plupart de passage (hormis le prêtre, un peu plus caractérisé et présent que les autres). Il ne s’agit donc bien sûr pas du film d’horreur de la décennie… simplement d’un bon divertissement pour amateurs de film de genre.