Quand Fellini rêvait de Picasso

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Une plongée dans les nuits créatives du maestro italien. Exposition à la Cinémathèque française jusqu’au 28 juillet.

Lors de ses nuits fantasmagoriques Federico Fellini  rencontra à plusieurs reprises un autre artiste marquant du vingtième siècle, Pablo Picasso. Admirateur du peintre espagnol, Fellini y aurait trouvé une de ses sources d’inspiration. Partant de ce postulat, la nouvelle exposition de la cinémathèque nous propose d’explorer une partie l’univers du maître italien par un jeu de regards croisés. En s’appuyant sur une mise en scène haute en couleurs, cette approche singulière et ambitieuse aborde avec de riches références les thématiques les plus marquantes de la filmographie Fellinienne, mais nous laisse cependant quelque peu sur notre faim.

 

 

Montage parallèle

Aussi étonnant que cela puisse paraître les deux créateurs ne sont jamais trouvés face à face. Les marches du festival de Cannes ayant failli les réunir à quelques minutes près. La mise en scène de l’exposition distingue clairement les deux parcours biographiques et créatifs plutôt que de les confronter explicitement. Ce dispositif d’une double exposition permet au visiteur de mieux s’attarder sur l’iconographie, les objets et les compositions picturales de chacun des artistes. On appréciera tout particulièrement le livre des rêves de Fellini et les flamboyants costumes de Satyricon.

Le terrain de jeu de la cinémathèque n’étant pas illimité, la diversité des thématiques abordées obligent un effort de concision et limite le recours à des commentaires, des analyses qui auraient été les bienvenues pour nourrir la réflexion à l’origine de l’exposition. Certes Fellini témoigne à plusieurs reprises de son admiration pour Picasso mais son influence picturale n’apparaît pas aussi singulièrement marquée et démontrée que le sujet veut bien nous le promettre.

 

 

Et Fellini rêva la femme

Point commun entre les deux démiurges, leur fascination pour La Femme sous toutes ses formes. Pour Picasso, l’érotisme torturé et déstructuré omniprésent des célèbres Les Demoiselles d’Avignon et Femmes d’Alger. Pour Fellini, Bourgeoises ou femmes du peuple, prostituées ou ménagères, elles pimentent toutes de leur érotisme ostentatoire les rêves et par la même son univers écranique. L’hommage qui leurs est rendu par l’exposition ressemble un peu trop à un défilé dans les animations vidéo. Le rêve impose des pauses. On regrettera également que ne soit pas célébrée avec plus d’importance l’attirance quelque peu paradoxale de l’imposant Federico pour la fragile et douce Giuletta.

Que ces réserves ne vous privent pas d’un voyage au bout des douces nuits romaines. La scénographie vaut elle à elle seule le détour. Un petit conseil avant de vous y rendre, préparez votre visite en vous replongeant dans les biographies et quelques œuvres de ces deux artistes majeurs.

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