Pure

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Quelque part entre Chabrol et les frères Dardenne, Lisa Langseth raconte la chute et l´ascension d´une Pretty woman de la banlieue de Göteborg convertie à la douceur et à la beauté par la musique classique. Un premier long métrage sensible et prometteur.

Pure s’ouvre dans la douceur, sur un visage ravissant. Une madone en jogging se délecte en écoutant Mozart, qu’elle a découvert en zappant sur YouTube. Avant Wolfgang, Katarina (Alicia Vikander) suçait à la chaine les mecs de sa cité. Depuis, elle s’est jurée de mépriser « les hommes, leurs bites et leurs galères » et de ne plus vivre que « pour ce qui est beau » (« till det som är vackert », le titre original du film).

Embauchée sur un malentendu comme réceptionniste dans une salle de concert, elle découvre avec des yeux d’enfant un univers où tous, pense-t-elle, ont fait ce choix d’une existence dédiée à la pureté et succombe au charisme manipulateur du chef d’orchestre (Samuel Fröler)…

Ici, la chute précède l’ascension et la romance entre la belle ingénue et le pompeux lecteur de Kierkegaard brièvement attiré par la tendresse de la chair fraiche ne dissimule pas longtemps les véritables enjeux : une éprouvante lutte des classes et des sexes.

Ce récit d’un passage forcé à l’âge adulte avait d’abord pris la forme d’un monologue pour le théâtre où Noomi Rapace – avant sa révélation en Lizbeth Salander dans Millénium – interprétait Katarina. Mais l’histoire était « trop visuelle » pour résister à la tentation d’en faire un film, explique la réalisatrice Lisa Langseth. Malgré quelques facilités narratives, ce premier long métrage – que l’on pourrait situer quelque part entre Chabrol et les frères Dardenne – est d’une grande justesse, en partie grâce à un casting impeccable.

Avec sa sensualité boudeuse toute bergmanienne, Alicia Vikander [nominée parmi les « shooting stars » du dernier festival de Berlin] est magnifique et l’énergie que son personnage dépense à deviner ce qu’on attend d’elle, bouleversante. Entre l’extase et la souffrance, peut-être à la limite de la folie, elle avance comme un petit soldat désorienté mais buté vers une vie qui lui reviendrait de droit, au rythme du Requiem de Mozart majestueusement interprété par l’orchestre philarmonique de Göteborg. Pure est un voyage initiatique poignant, un délicat mélange de lyrisme et de réalisme proposant sa propre morale. Une liberté rafraîchissante.

Titre original : Till det som är vackert

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Durée : 98 mn


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