L’histoire est vraie, et on en connaît la fin : en mars 1985, les mineurs retournent au travail sans avoir rien obtenu, les pertes financières étant devenues trop lourdes. Pride préfère se concentrer sur le constat, réjouissant pour le coup, que l’homme sait aussi parfois faire preuve de solidarité quand il s’agit de rassembler les exclus du monde. En résulte un film à la bonne humeur contagieuse, qui alterne assez habilement entertainment pur et dur et faits de société plus graves, à renfort d’images d’archives qui viennent ponctuer les moments de franche comédie. Si certaines scènes sont franchement impossibles (la grande séquence de bal où Dominic West se lance dans un show à la Freddie Mercury, rendant toutes les femmes amoureuses de lui et les hommes prompts à faire la queue pour venir lui demander de leur apprendre à danser), l’ensemble fonctionne sans temps mort, notamment grâce à une galerie de personnages aussi clichés que bien dessinés, et grandement servis par l’interprétation des acteurs.
Pride n’oublie pas les affres liées à la question de la revendication de l’homosexualité dans une époque particulièrement homophobe, et le film prend alors des allures de catalogue : mise au ban des parents, secrets et mensonges, aggressions physiques ou hécatombe du Sida sont évoqués dans l’ordre et sans surprise. Sauf que Matthew Marchus a la bonne idée d’ouvertement jouer la caricature, et de l’assumer comme telle. Outre le fait d’avoir été ému par la rencontre improbable entre deux catégories sociales plus proches qu’elles n’y paraissent mais complètement étrangères l’une à l’autre, le réalisateur préfère toujours la comédie au mélo, s’amuse de planter des personnages littéralement très colorés dans un décor aussi austère que l’est l’époque. C’est là que naissent les quelques trouvailles visuelles de Pride, quand une camionnette bigarrée bat le pavé d’un village qui n’est finalement qu’une seule rue bâtie sur une ancienne voie romaine (l’équipe a tourné sur les lieux véritables de l’action), alignement de briques et de gris d’une tristesse infinie qui, quelques semaines durant, aura trouvé un peu de vie. Ce n’est pas un hasard si, peu de temps après, tout ce beau monde se retrouve à la Gay Pride de Londres : retrouver une énergie commune est, là encore, politique.