Oxygène

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Un nouveau souffle d´air frais se lève sur le cinéma belge.

Les Frères Dardenne ne sont décidément pas les seuls à offrir un cinéma singulier venu tout droit de la Belgique. Du côté flamand, de nouveaux cinéastes viennent s’inscrire dans le renouveau du cinéma belge: Moscow, Belgium de Christophe Van Rompaey, La Merditude des choses de Felix Van Groeningen et aujourd’hui, Oxygène signé Hans Van Nuffel, un tout nouvel arrivant mais fin prêt à beaucoup faire parler de lui. Avec son premier long métrage, il aborde un sujet trop rarement exploité au cinéma – si ce n’est en documentaire – il s’agit de la maladie de la mucoviscidose mais cette fois sous une forme purement fictionnelle.

Frères de sang

Première scène. La caméra immortalise Tom, sept ans, quasiment dénudé, se tenant debout au milieu d’un amphithéâtre, serrant fortement dans ses petites mains une figurine de Dark Vador de Star Wars, devant une foule de médecins le scrutant, tel un objet de foire. Déjà, tous les regards sont portés sur lui. De fait, le petit garçon souffre d’une maladie génétique irrévocable comme son frère ainé, Lucas. Les couloirs des hôpitaux ne leur sont absolument pas indifférents puisque dès leurs premiers pas, leur quotidien est ponctué de séjours incessants à l’hôpital, une enfance hors norme en somme.

D’emblée, l’histoire peut paraître quelque peu casse-gueule. Pourtant, Van Nuffel s’en sort plutôt pas mal en partant de cette maladie pour en tirer un beau film. Avec une mise en scène réaliste (la dureté dans la description des scènes d’hôpital, une recherche pointue de la part de la production sur la maladie et ses répercussions), Oxygène revêt un aspect quasi-documentaire. En s’inspirant de son propre vécu (Van Nuffel est également atteint par une maladie des poumons), crédibilité et force affleurent à travers les images. Doté d’une mise en scène épurée aux couleurs froides, une chaleur émane des protagonistes, qui se révèlent tout aussi attachants que troublants. Dans la peau de Tom, Stef Aerts remarquable de justesse en jeune garçon toujours négatif et cynique, qui va tout de même jusqu’à tomber amoureux, et Xavier (Wouter Hendrickx, excellent) qui représente l’optimisme, l’espoir, comme un peu le frère de substitution de Tom, vivant toujours dans le présent sans se soucier de l’avenir, portent le film de bout en bout. Par le biais de ses personnages, Van Nuffel parvient à créer une sorte de huis clos clinique empreint de claustrophobie, afin de bien saisir les pulsions de survie qui les animent. L’efficacité du choix d’en faire une fiction permet de ne pas s’enliser dans un certain mélodrame in extenso et des dialogues empreints d’humour noir (par exemple, l’identification de Tom avec Dark Vador et sa respiration difficile) viennent désamorcer les pièges du sentimentalisme, relâcher la tension et museler leur propre frustration.
 

La maladie ne constitue jamais le point central du film. Ainsi le thème d’Oxygène n’est pas celui de la maladie mais la survie. En mettant en scène des êtres complexes, en évitant le manichéisme et en refusant de faire d’eux des victimes, Van Nuffel suggère un discours non moralisateur. Sans crier au chef-d’œuvre, car ce film a ses défauts, Van Nuffel compose une vision de la maladie de façon juste et réaliste tout en esquivant le lacrymal facile. Ce drame bouleversant réussit à traiter un sujet difficile en lui insufflant une belle rage de vivre.
 

Titre original : Adem

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Durée : 98 mn


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