Octobre Bleu Prusse (projection le 04/10 à l’Atelier du Verbe, 17 rue Gassendi, 75014 Paris) .

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Concordance de génies.

Le film raconte l’histoire tout à fait exceptionnelle, en octobre 1806, à la veille de la bataille d’Iéna, de la rencontre aussi incroyable qu’extraordinaire de trois êtres d’exception : un conquérant de l’espace : l’empereur Napoléon Bonaparte; un conquérant du sensible : le compositeur Ludwig van Beethoven; un conquérant de l’intelligible : le philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel; cette rencontre va engendrer des réflexions sur l’Histoire et  sur le temps, pour déboucher sur une réflexion sur les individus, les peuples, les nations.

Dédiée à Kronos, roi des Titans, divinité antique liée à l’Âge d’Or, Octobre Bleu Prusse est conçu comme l’éloge d’une combinaison historique se déroulant en octobre 1806, au moment de la campagne de Prusse et de Pologne : la bataille d’Iéna, à l’issue de laquelle Napoléon 1er remporte une victoire complète sur l’armée prussienne.

Dans la première partie de son film, Alexandre Bellas -dans le rôle du Voyageur du Temps, mais aussi de l’Espace et de l’Intellect, de la Pensée- nous propose plusieurs regards, plusieurs perspectives sur la bataille d’Iéna : un point de vue spatial et contemporain, une optique confrontant le passé, le présent, voire des perspectives sur le futur. Une combinaison, une réunion des trois axes de notre perception chronologique et historique sur les évènements. Le réalisateur, en compagnie de Kronos, son interlocuteur privilégié, nous offre des angles variés sur Iéna, notamment au niveau des hauteurs de cette ville où l’empereur domina et supervisa la situation lors de la bataille. Ce premier chapitre développe ainsi un foisonnement d’idées sur le temps, la géographie, et leur gestion par un génie de la stratégie.

La deuxième partie de cet essai sur Iéna expose avec lyrisme et intensité la convergence temporelle de trois créateurs, trois génies : Beethoven (la création musicale), Napoléon (la création militaire), Hegel (la création philosophique). Notre Voyageur du Temps retrace ici la vie et l’œuvre de ces trois titans du 19ème siècle en utilisant l’allégorie du Paradis, puis du Jardin des Délices, pour terminer par l’Enfer, du fameux triptyque peint par Jérôme Bosch en 1515. Ce support subtilement agencé par Alexandre Bellas lui donne l’occasion de réunir par une narration élégante et soutenue les opus du compositeur, du philosophe, et du stratège : le Concerto pour violon, la Phénoménologie de l’Esprit, la mise au point d’une bataille, dans la journée unique du 13 octobre 1806. Cette journée appartient à la période, l’âge d’or en quelque sorte, de ces individualités artistique, historique, réflexive, personnalités qui subiront par la suite leurs déclins, leur enfer.

La troisième et dernière partie relate une conversation imaginaire entre Napoléon et Hegel, avec Beethoven comme témoin visuel voire auditif, le 13 octobre 1806. Même si l’auteur a vu l’empereur, ce ne fut que brièvement, de loin. Néanmoins, Alexandre Bellas met en scène et en paroles un merveilleux dialogue philosophique, au cours duquel Hegel livre une mémorable leçon de morale politique et historique à son interlocuteur, mais aussi aux spectateurs-auditeurs.

La réflexion philosophique d’Alexandre Bellas ouvre d’autres portes, lors de segments narratifs intermédiaires : des interpellations polémiques mais subtiles à Kronos, celle du calcul attestant la combinaison chronologique et spatiale, la fusion, de nos trois penseurs de leur époque. Des petits chemins rejoignant les différents chapitres de ce film-essai aux vastes propositions spirituelles.

Œuvre certes brève par sa durée, mais varié par ses champs de réflexion, Octobre Bleu Prusse demeure un film qui ne prend pas ses spectateurs pour des individus inaptes à la pensée voire à l’action. Alexandre Bellas fait ici feu de tous bois au niveau de l’image (surimpressions, couleur dominante du bleu prusse, un élément chimique de synthèse, un montage affirmé), du son (les compositions musicales choisies appuient l’image et les discours), du montage. Le symbole de l’œil conserve lors de sa présence dans cet essai sa pertinence, matérialisant l’acuité du regard et des propos tenus par le narrateur-voyageur au fil du temps, de l’espace, de ses déambulations, à travers une Europe idéale malheureusement non réalisée depuis. Un espace-temps auxquel Alexandre Bellas nous invite avec poésie, intelligence, et humanité.

Octobre Bleu Prusse (projection le 04/10 à l’Atelier du Verbe, 17 rue Gassendi, 75014 Paris) .

Informations pratiques :

https://www.ab-sortir-decouvrir.fr/projection-obp

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Durée : 58 mn


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