L’habit ne fait pas le moine pas plus que le casque à cornes la cantatrice, sauf pour Marguerite Dumont (Catherine Frot), femme fortunée habituée à chanter devant d’autres personnes fortunées habituées à avoir les tympans martyrisés au profit de galas de charité et de récoltes de fonds. Tant que la mascarade reste en famille, Monsieur Dumont (André Marcon) peut la souffrir mais tout change lorsque sa femme désire prendre des cours de chant en vue d’enfin sentir de véritables planches sous ses pieds, et entendre les applaudissements d’un vrai public.
Essayant alors tant bien que mal de suivre le film qui commence à errer, voire à divaguer, une autre piste se présente à nous : Marguerite ne serait en réalité pas si innocente que ça, se jouerait sciemment de tous ces tartufes pour réaliser son plus cher caprice. Un très vilain petit canard dans un costume d’oie blanche. Mais non, Marguerite n’opte pas non plus pour cela. Mais alors quoi ? Délire de femme trompée qui ferait tout et n’importe quoi pour que son mari la regarde, victoire de l’innocence sur le cynisme et de la générosité sur la méchanceté, cri de détresse d’une personne contrainte de rêver sa vie au lieu de vivre son rêve, dans un mélodrame voulu à la fois drôle et cruel (et côté cruauté, le destin de Susan Kane, chanteuse d’opéra médiocre jetée en pâture à un public moqueur par son mari, était plus édifiant) par Xavier Giannoli qui multiplie les pistes à l’envie jusqu’à semer notre intérêt. Et perdre les seconds rôles, moteurs de l’action dans les débuts, dont on se demande pourtant ce qu’ils font encore là lorsqu’ils reviennent de temps à autre à l’écran.
Le film a les mêmes tremblements que la voix d’un adolescent en plein puberté ; ça se tient, tout se déroule sans accroche majeure puis soudain c’est le couac, la sortie de route et comme la mue, cela dure un peu trop longtemps.