Loin d’elle (Away from Her)

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Pour son premier film en tant que réalisatrice, Sarah Polley nous réserve une belle surprise, maniant un sujet difficile avec beaucoup de subtilité.

Sarah Polley, actrice reconnue, passe pour la première fois derrière la caméra. Pour cette nouvelle expérience, elle regarde avec tendresse ses deux personnages évoluer devant elle. Le couple formé par Julie Christie (qui a la classe d’une Meryl Streep) et Michael Murphy (un brin désorienté par la maladie qui ronge l’esprit de sa femme) sonne terriblement juste. Délicate, la réalisatrice ne s’immisce pas. Avec beaucoup de recul mais sans froideur, elle aborde un sujet sensible et difficile, l’Alzheimer.

Et elle le fait de belle manière. Au vu du propos, la réalisatrice aurait pu facilement tomber dans le piège du mélo qu’elle réussit habilement à éviter. Tout en sobriété, le film ne se pare pas de fioritures et résonne d’humanité. C’est justement ce qui frappe et plaît. Sarah Polley nous invite simplement à suivre ce couple qui se détache, s’aime mais se sépare par la force des choses, et se retrouve tout en s’éloignant. Sans pitié dans son regard, elle observe, relate, sans plus. Ce qu’elle montre n’est autre que la vie, une vie. Le film n’en est alors que plus touchant, sans jamais frôler la sensiblerie.

Fiona est une femme d’un certain âge mais encore d’une très grande beauté, dont seul son esprit lui fait parfois défaut. Quant à Grant, dont elle partage la vie depuis 44 ans, il se sent peu à peu rejeté, esseulé et ne cesse de se demander comment il doit réagir pour aider sa femme, mais aussi pour s’aider lui-même.

L’œil se pose petit à petit plus longuement sur le personnage de Grant (Michael Murphy) qui sent sa vie lui échapper, son histoire s’égrener entre les doigts de sa compagne, sa partenaire, celle dont il a partagé la vie mais qui aujourd’hui ne se souvient plus de lui et en aime un autre. Comment réagir ? Comment garder un souvenir (une vie de souvenirs) intact lorsque celle avec qui on l’a partagé vous l’enlève ? Comment vivre avec cela, après cela ? La fin du couple est alors imposée par la maladie, la déchirure n’en est que plus dure.

Sarah Polley insiste sur le fait que la maladie d’Alzheimer ne touche pas que le patient mais atteint aussi son entourage, et dans ce cas précis l’être aimé. Pour vivre, Grant accepte, regarde son monde s’effondrer en s’efforçant de ne pas s’effondrer lui aussi. Il murmure alors ces quelques mots, preuves de son amour pour sa femme : « J’apprends à la laisser vivre sans moi ».

Cette première réalisation comporte certes quelques petits défauts. Des maladresses s’immiscent parfois dans le récit. Certaines lenteurs n’auraient peut-être pas leur place. Mais au final, ce n’est pas ce qui reste. Avec une grande simplicité, Sarah Polley réalise une triste belle histoire…

Titre original : Away from Her

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Durée : 105 mn


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