Là où la première heure de Liberté, mon amour survivait par la farce et son couple mal assorti, la seconde va essayer de rattraper ses intentions initiales – filmer la lutte active contre le fascisme – de peur du hors-sujet. Le cinéaste avait ouvert son film en créant devant nous une ville, une époque, des personnages essayant d’y d’exister autant qu’ils le pouvaient et pourtant ce n’était apparemment pas encore suffisant : il fallait aussi jouer à la guerre. Plus le temps passe alors et plus les déguisements – ceux des fascistes, des rebelles, des nazis – se font visibles et grotesques ; plus les scènes d’actions se font grossières et détachées du film. Voir ainsi Claudia Cardinale déguisée en maquisarde cachée dans une botte de paille après avoir détruit un pont nous emmène très loin de ce qu’était le film jusqu’ici. Dès lors que Liberté, mon amour prend son air sérieux tout s’écroule et on cesse de croire à la grande Histoire qu’on nous raconte. Tristement, plus le cinéaste semble s’appliquer, plus il nous perd. Quand le film se termine avec la fin de la guerre, Mauro Bolognini a beau nous montrer d’anciens fascistes devenus des administrateurs prêts à reconstruire le pays, les ruines que l’on voit sur le sol ne sont que de vieux décors de cinéma qu’un simple coup de balai suffirait à faire disparaître. Claudia Cardinale se démène mais elle ne peut plus rien faire : l’Italie mussolinienne n’est devenue que carton-pâte inoffensif.
Liberté, mon amour (Libera, amore mio…, 1973)
Article écrit par Fabien Alloin
Pour lutter contre les fascistes Mauro Bolognini déguise Claudia Cardinale en petit soldat.
Là où la première heure de Liberté, mon amour survivait par la farce et son couple mal assorti, la seconde va essayer de rattraper ses intentions initiales – filmer la lutte active contre le fascisme – de peur du hors-sujet. Le cinéaste avait ouvert son film en créant devant nous une ville, une époque, des personnages essayant d’y d’exister autant qu’ils le pouvaient et pourtant ce n’était apparemment pas encore suffisant : il fallait aussi jouer à la guerre. Plus le temps passe alors et plus les déguisements – ceux des fascistes, des rebelles, des nazis – se font visibles et grotesques ; plus les scènes d’actions se font grossières et détachées du film. Voir ainsi Claudia Cardinale déguisée en maquisarde cachée dans une botte de paille après avoir détruit un pont nous emmène très loin de ce qu’était le film jusqu’ici. Dès lors que Liberté, mon amour prend son air sérieux tout s’écroule et on cesse de croire à la grande Histoire qu’on nous raconte. Tristement, plus le cinéaste semble s’appliquer, plus il nous perd. Quand le film se termine avec la fin de la guerre, Mauro Bolognini a beau nous montrer d’anciens fascistes devenus des administrateurs prêts à reconstruire le pays, les ruines que l’on voit sur le sol ne sont que de vieux décors de cinéma qu’un simple coup de balai suffirait à faire disparaître. Claudia Cardinale se démène mais elle ne peut plus rien faire : l’Italie mussolinienne n’est devenue que carton-pâte inoffensif.