Lady Bird

Article écrit par

Une tranche de vie aussi légère qu’une part de cheesecake de chez Walmart.

Le système universitaire américain est impitoyable. Pas de Post-Bac ni de Parcoursup pour miraculeusement exaucer les vœux des futurs étudiants. Pour Christine, qui impose qu’on l’appelle « Lady Bird », la tâche s’avère encore plus ardue. En dernière année dans un lycée de Sacramento, capitale discrète pour ne pas dire oubliée de la Californie, la gamine ne peut pas compter sur les encouragements de ses enseignants ni sur ceux de sa mère qui ne la voient pas aller bien loin. Mais Lady Bird ne l’entend pas de cette oreille. Elle n’attend pas que ça tombe du ciel. Avec les garçons aussi, quitte à faire fausse route dans un premier temps. La persévérance finira par payer un jour. La recette n’a rien de nouveau, les gros ingrédients du Teen-Movie pré-fac sont réunis dans cette première réalisation solo de Greta Gerwig. Les Golden Globes ont doublement succombé au gout du sucré : meilleur comédie, et meilleure actrice. Vous en prendrez une part ?
 

A Bobo is Born

Greta Gerwig a du beaucoup pensé à elle pendant l’écriture de son scénario. A son personnage plus exactement. L’éternelle romantique, excentrique et lunaire dont la fine silhouette colle à merveille à l’univers des comédies romantiques made in US, versant cinéma indépendant, Frances Ha (2012) et Maggie à un plan (2015) pour les plus célèbres. Lady Bird comme un préquel. La jeune femme rêve de vivre à New-York pour son foisonnement culturel. Rester simple, la réussite financière ne saurait être un critère pertinent. S’épanouir, socialement et sexuellement. Affirmer son indépendance. Démocrate jusqu’au bout des ongles, car les Républicains voient des terroristes plus que de raison. Un goût pour l’introspection et une verve qui auraient trouvé une place de choix dans le microcosme New-Yorkais de Woody Allen. Telle est notre petite Lady Bird.

Saiorse Ronan, dont la rousseur flamboyante a éclairé nos écrans dans Brooklyn (John Crowley, 2015), apparait ici comme une évidence. Une femme-enfant au joli petit minois, qui brûle d’impatience de voler de ses propres ailes. Une bonne dose de folie douce qui l’amène à s’éjecter d’un véhicule en pleine route, suite à un désaccord avec sa mère. Egocentrique, jusqu’ à provoquer l’irritation. Son innocence permet de tout se faire pardonner. Cette clémence ne peut valoir pour Gerwig. La paresseuse réalisatrice fait tout reposer sur les épaules de sa jeune comédienne. L’ensemble sonne désespérément creux. Un scénario écrit sur un bout de table. Les quelques répliques bien senties ne sauraient suffire à sauver la vacuité des propos. Pour un soupçon d’audace dans la mise en scène, on repassera.
 

Un angélisme sirupeux

Non contente de baliser son récit d’apprentissage comme un rayon de supermarché, la réalisatrice le vide de ses enjeux. Le poids de la religion, l’héroïne étudie dans un établissement catholique, se limite à de simples conseils bienveillants. Les interrogations liées aux premiers rapports sexuels, le plaisir ou son absence sont traités en mode mineur. Dans la ville, la voie de chemin de fer sépare sans rancoeur les riches des pauvres. La maladie et la mort font partie de la vie, nous devons les accepter sans se plaindre. Gerwig confond la légèreté avec la niaiserie. Quel public vise-t-elle ? Les adolescents probablement. Elle ne leurs rend pas service. Dans la première partie du film le scénario installe toute une série de relations artificiellement conflictuelles, celle avec la mère étant la plus problématique sur le papier. Ne nous inquiétons pas les affrontements ne dépassent jamais les règles de la bienséance ; tous les personnages secondaires étant tellement insipides. Je ne vous apprendrais rien : à la fin tout s’arrange. Une fac New-Yorkaise a accepté la candidature de la jeune femme. Loin de ses proches, Christine comprend enfin ô combien sa mère tient à elle, grâce à une jolie lettre manuscrite envoyée en cachette par son père. Lady Bird va pouvoir prendre son envol dans un horizon sans nuage.

Titre original : Lady Bird

Réalisateur :

Acteurs : ,

Année :

Genre :

Durée : 94 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Dersou Ouzala

Dersou Ouzala

Oeuvre de transition encensée pour son humanisme, « Dersou Ouzala » a pourtant dénoté d’une espèce d’aura négative eu égard à son mysticisme contemplatif amorçant un tournant de maturité vieillissante chez Kurosawa. Face aux nouveaux défis et enjeux écologiques planétaires, on peut désormais revoir cette ode panthéiste sous un jour nouveau.

Les soeurs Munakata & Une femme dans le vent.Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Les soeurs Munakata & Une femme dans le vent.Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Dans l’immédiat après-guerre, Yasujiro Ozu focalisa l’œilleton de sa caméra sur la chronique simple et désarmante des vicissitudes familiales en leur insufflant cependant un tour mélodramatique inattendu de sa part. Sans aller jusqu’à renier ces films mineurs dans sa production, le sensei amorça ce tournant transitoire non sans une certaine frustration. Découvertes…

Dernier caprice. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Dernier caprice. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Le pénultième film d’Ozu pourrait bien être son testament cinématographique. Sa tonalité tragi-comique et ses couleurs d’un rouge mordoré anticipent la saison automnale à travers la fin de vie crépusculaire d’un patriarche et d’un pater familias, dans le même temps, selon le cycle d’une existence ramenée au pathos des choses les plus insignifiantes. En version restaurée par le distributeur Carlotta.

Il était un père. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Il était un père. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Difficile de passer sous silence une œuvre aussi importante que « Il était un père » dans la filmographie d’Ozu malgré le didactisme de la forme. Tiraillé entre la rhétorique propagandiste de la hiérarchie militaire japonaise, la censure de l’armée d’occupation militaire du général Mac Arthur qui lui sont imposées par l’effort de guerre, Ozu réintroduit le fil rouge de la parentalité abordé dans « Un fils unique » (1936) avec le scepticisme foncier qui le caractérise.