Nouveau long métrage de Lionel Baier, fantaisie macabre autour du suicide assisté.
David Miller (Patrick Lapp) a un cancer incurable, mais il veut pouvoir décider du jour et de l’heure de sa mort. Il fait appel à Esperanza (Carmen Maura), de l’association Electio, pour l’y aider. Dans une chambre de l’hôtel à l’abandon que Miller, architecte, a lui-même conçu avec feu son épouse, il attend qu’Esperanza applique les procédures ; et que Tréplev, le prostitué russe de la chambre d’à côté, veuille bien être témoin de la scène, comme le requiert la législation helvète. Il est entendu que la mort n’est pas chose si aisée et, le temps d’une nuit, tous trois vont composer un trio improbable pour mener à bien le projet.
Thème délicat s’il en est, le suicide assisté est ici plus prétexte à l’exploration des sentiments et à la “circulation du désir”, comme l’exprime idéalement Lionel Baier en dossier de presse, qu’à un état des lieux de la fin de vie dans la Confédération suisse. La Vanité commence avec brio, tour à tour farce macabre et histoire(s) d’amour teintée d’un cynisme qui sied bien au film. Ainsi du fils de Miller qui, après une brève discussion en voiture, refuse d’être témoin de la mort de son père : “la vérité, c’est que je ne l’ai jamais aimé”, explique ce dernier. Ce qu’il lui reste d’affection, il la réserve à Tréplev : Miller n’a jamais connu la sexualité avec les hommes et, avant son suicide, une petite mort avec le gigolo (par ailleurs hétéro) ne serait pas la pire des choses. Ce sont les plus jolies scènes du film, savamment dosées entre gêne et tendresse féroce.
Le reste est plombé par un symbolisme et des retournements un brin lourds, que vient sauver l’anti-naturalisme affiché du film, tout entier tourné en studio dans un décor d’intérieur d’hôtel – emplacement asphyxié qui ne demande qu’à respirer, et dans lequel Baier insuffle, c’est son tour de force, une énergie tout sauf statique. De l’artifice des décors, le cinéaste sait faire naître l’émotion, quand il confronte le vide entre les murs et le vide d’une existence qu’on n’a plus envie de vivre. Aidé par trois acteurs excellents, La Vanité rappelle que Lionel Baier est aujourd’hui le réalisateur suisse le plus original. Et si on lui souhaite une audace un peu plus poussée, la petite musique construite par ses films depuis Garçon Stupide (1999) continue de charmer à défaut de chavirer.
Dans son « cinéma club » du MK2 Beaubourg, Hélène Frappat, ancienne critique des Cahiers, parle des processus de « cadavérisation » des femmes, horrifiants et envoûtants, muséaux et momifiants.
« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..
« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…