Deuxième adaptation au cinéma du chef d´oeuvre de Romain Gary. Complexe mais réussi, le film risque de diviser vue l´ampleur de la tâche.
« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais ». Cette citation, extraite de La Promesse de l’Aube paru en 1960, résume en partie l’histoire du film adapté de cette œuvre. Le rapport entre l’homme et sa mère, sur plusieurs années, ses attentes, son éducation, ses défis, ses barrières, mais aussi la façon dont la folie, l’enchantement, les nombreuses cultures et l’Histoire ont façonné son esprit et son présent. Pour la deuxième fois adapté au cinéma, ce chef d’œuvre signé Romain Gary retrace plus de vingt ans de l’existence de l’auteur, non sans panache, esprit positif, tendresse et réalité.
Charlotte Gainsbourg joue Nina, la mère de Gary, polonaise et possessive, ambitieuse et folle. L’actrice d’incarne au plus près cette femme aux mille visages. Pour Gary, trois personnages l’interprétent, du fabuleux jeune acteur franco polonais Pawel Puchalski à Pierre Niney (Gary adulte), sans oublier Nemp Schiffman – repéré dans Elle s’en va. Avec un tel schéma dans le temps, de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte, difficile pour le réalisateur Éric Barbier (Le Dernier Diamant, Le Serpent, Toreros, Un Air de Liberté, etc.) de viser une modeste réalisation. La réalisation, quatorze semaines de tournage, est d’une perfection sans nom. Chaque scène est découpée avec sens, chaque mot terriblement efficace. De la Pologne à la France (notamment à Nice), du champ de bataille au désert, de la maison au bar, on sent une épopée traversée en images mais aussi dans la vie du personnage principal, Gary.
Amateur de voyages et d’aventure au cinéma, vous serez séduit car il apparaît difficile de résister à cette relation tumultueuse entre une mère et son fils. Amateur de littérature, attaché à Gary et son ton propre, on se retrouve dans une situation où parfois le cinéma n’a pas la puissance des mots et de l’imagination d’un auteur, tel qu’on se l’imaginait. Mais tout reste une question de vision, d’approche, plus ou moins réelle ou proche de l’œuvre. C’est par une vision, un voyage dans le temps que l’on s’empreigne de l’esprit Gary, libre, enchanteur, positif. Pierre Niney, convaincant dans ce rôle, nous embarque sans problème et évite tout cliché ou rêverie d’acteur dans un biopic. Et Charlotte Gainsbourg, très documentée, donne à son personnage une puissance maîtresse, un enchantement en duo avec Pierre Niney, proche de la symbiose.
Alors certes, La Promesse de l’Aube a des défauts, quelques longueurs, quelques éloignements du chef d’œuvre de Romain Gary. Mais la beauté de cette histoire et de cette réalisation ne valent-elles pas d’y consacrer 2h10 en salle ?
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