La Nouvelle Vague anglaise

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Revenons sur un pan négligé par la cinéphilie française.

« Le cinéma anglais n’existe pas » aurait un jour dit Truffaut dans une de ses grandes envolées lapidaires, parfois bien vues et d’autres, comme dans le cas précis totalement injustes. Les exemples abondent pour le contredire, que ce soit les perles caustiques du Studio Ealing, les joyaux de Powell/Pressburger, David Lean. Quoiqu’il en soit, cette sentence malheureuse aura porté un sacré préjudice à la reconnaissance critique et à l’analyse de tout un pan du cinéma anglais, même si Positif notamment ou un Bertrand Tavernier auront souvent émergé par leur érudition pour combler ce vide.

La phrase de Truffaut peut d’ailleurs être vue comme une manière de balayer d’un revers de la main un cinéma qui constituait à ce moment le plus grand concurrent de son propre mouvement, la Nouvelle Vague. Généralement associée uniquement à la France des Godard, Chabrol, Truffaut et autre Resnais, la Nouvelle Vague est pourtant un phénomène plus mondial qui de part et d’autres bouleversa la manière de faire du cinéma, souleva un vent de jeunesse et d’invention formelle majeur. Pour ce Coin du cinéphile, nous allons donc nous intéresser à la Nouvelle Vague anglaise, qui, comme en France naquit de la volonté de jeunes turcs issus de la critique et du documentaire de répondre à une production locale embourgeoisée et sclérosée. C’est l’ère des Tony Richardson, Karel Reisz, John Schlesinger, chantre du « free cinema » et en élargissant, on peut y ajouter Joseph Losey, Ken Russell, Nicolas Roeg et d’autres qui se révélèrent au tournant des années 60/70. De par ses origines littéraires prolétaires, la Nouvelle Vague anglaise est plus imprégnée de préoccupations sociales que son pendant français mais s’avéra tout aussi aventureuse narrativement et visuellement.

Pour ce Coin du cinéphile, nous définirons la notion de « free cinéma » à travers quatre de ses réussites majeures : le monde de fantasmes et de béton de Billy le menteur, la sècheresse poignante de La Solitude du coureur de fond, le phénomène Saturday Night and Sunday Morning et l’enfer du couple d’Un Amour pas comme les autres. Nous verrons ensuite comment ces talents ont pu malmener et s’approprier un genre avec le survolté Tom Jones puis nous conclurons avec la satire If…., brillant et ambigu appel à la rebellion.

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