La Flèche brisée

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Beau western, bel hymne antiraciste et belle gueule, celle d’un James Stewart plus torturé que jamais.

« J’aime beaucoup La Flèche brisée parce que j’ai pu montrer dans cette œuvre l’Indien comme un homme d’honneur et de principes, comme un être humain et non comme une brute sanguinaire. C’était la première fois qu’on le faisait parler comme un homme civilisé parlerait à son peuple, de ses problèmes et de son avenir. L’ONU décerna des louanges considérables à ce film parce qu’il présentait un monde où les gens en conflit se respectaient. L’on trouvait des salauds chez les Blancs, mais aussi des types recommandables, de même qu’il y avait des Indiens faméliques mais aussi des hommes en qui l’on pouvait avoir confiance. Une vérité première… A partir de ce moment, Hollywood cessa de peindre les Indiens comme des sauvages »

Tout est dit et ces propos sont ceux d’un réalisateur injustement méconnu et qui eut la bonne idée de s’écarter des productions hollywoodiennes de l’époque, celle du maccarthysme. Delmer Daves fut un solide gaillard qui prit la peine de représenter « normalement » les Indiens. De nos jours, cette démarche pourrait être considérée comme banale. Après la seconde guerre mondiale, cet acte isolé pouvait ruiner une carrière, Daves en était conscient et vida son sac devant des producteurs roublards qui changèrent d’avis en apprenant que la star de ce film serait James Stewart et finirent par donner les pleins pouvoirs à ce réalisateur gauchiste. James Stewart, généreux comme un personnage de chez Capra, annonça au gotha hollywoodien que Delmer Daves allait devenir son nouveau meilleur ami et qu’il fallait donc le laisser tranquille. On l’écouta, on le finança et surtout on le félicita : La Flèche brisée devint un grand succès critique et publique.

Ce qui continue de forcer l’admiration, hormis le traitement narratif, c’est la carrure de James Stewart, grand habitué des rôles d’amoureux transi et de gendre idéal. Avec La Flèche brisée, c’est tout un retournement de situation qui s’annonce, tout un virage que le grand James va prendre sans rechigner. Pour certains, ce sera le début d’une réelle intensité dramatique qu’on découvrira dans L’Appât de Mann, dans Les Deux cavaliers de Ford et surtout dans Vertigo d’Hitchcock. Dans l’ultime séquence de La Flèche brisée est synonyme de détresse amoureuse mêlée à un désir de vengeance qui se lit dans les yeux sans vie de Stewart. La mort est au rendez-vous !

Titre original : Broken Arrow

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Durée : 93 mn


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