Mais entre deux montres en or, les arnaques à l’assurance s’enchaînent et l’emmènent bientôt en prison, où il ne tarde pas à rencontrer le charmant Phillip Morris (Ewan McGregor). Dès lors fou d’amour, Russell se plie en quatre pour offrir une véritable lune de miel carcérale à celui qu’il considère désormais comme l’homme de sa vie. Aucun poncif romantique n’est alors épargné, de la danse nocturne au film romantique regardé blotti dans les bras de son amoureux.
Et c’est là l’un des attraits majeurs du film : s’engouffrer dans les clichés et l’assumer ; jouer avec les paradoxes, mais pas avec ceux que l’on croit. Ce qui est curieux dans I Love you Philip Morris, ce n’est pas la passion gay – le sexe est d’ailleurs essentiellement verbal – mais l’environnement pénitentiaire qui lui fait cadre et surtout le jusqu’au-boutisme de Steven. Excessif en tout, Steven Russell n’en a pas moins une personnalité complexe et sombre si bien qu’on ne sait trop qu’en penser. S’il abuse de la confiance de tout le monde – y compris Phillip – trompe et ment avec un plaisir manifeste, on ne peut s’empêcher d’admirer sa faconde et son audace (d’autant plus qu’il s’agit d’une histoire vraie) et on l’excuserait bien volontiers au nom de l’amour.
John Requa et Glen Ficarra ont l’intelligence et la malice de ne pas nous livrer toutes les clés de ce drôle de personnage enflammé et risque-tout. Il fallait bien la vivacité débordante et l’implication totale d’un Jim Carrey pour incarner ce type aux actions condamnables mais aux motivations louables. Face à lui, Ewan McGregor propose un Phillip blond et naïf tout en regards énamourés. On ne peut que saluer la sincérité de chacun, et l’ambition universaliste de ses auteurs, sans laquelle le film aurait sombré dans les tréfonds de la vulgarité.