Du 4 au 9 mai, l’Institut Lumière de Lyon ouvrait ses portes au « Cinéma du Sud ». L’occasion de se confronter à des images, à des regards quasiment bannis du grand comme du petit écran.
Depuis le 11 mai et ce jusqu’au 11 juillet, de grands noms se bousculent aux portes de l’Institut Lumière de Lyon. Fellini, Rossellini, Antonioni, Visconti, De Sica et j’en passe accompagneront pendant 2 mois les spectateurs venus visiter l’Italie à travers des chefs-d’œuvres désormais confortablement installés dans l’Histoire du Cinéma. Avant eux, du 4 au 9 mai, d’autres noms, d’autres visages étaient au rendez vous, moins familiers ceux là: Nasrallah, Alabdalla, Najjar, El Habre, Zran, Letaïef, Amari, Lagtaâ, Benjelloun, Salmy, Djahnine, Bensmail, Farès. L’association Regard Sud conviait entre les murs de l’Institut Lumière, la dixième édition des Fenêtres sur le Cinéma du Sud et avec elle, l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Syrie ou encore la Tunisie. Lieu de redécouverte, l’écran de l’Institut Lumière nous a ici permis de découvrir un Cinéma loin de tout passage TV, et trop peu visible en salles. Un Cinéma surtout totalement ancré dans son temps. Mis à part Les Hors-la-loi (Tewfik Fares) brulot anti-colonialiste algérien de 1969 lorgnant vers le Western Hollywoodien jusqu’à l’ecoeurement, chacun des films présenté ici est lui issu des années 2000.
Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe (Hala Alabdalla, 2006)
Cinéma du Sud. Le terme est générique mais à aucun moment le festival tend vers l’exotisme, bien au contraire. Chaque film existe comme œuvre et la présence de beaucoup de ces réalisateurs, leur disponibilité, montre à quel point leur démarche est personnelle; à quel point cette occasion de nous offrir un regard nouveau leur tient à cœur. En plus des avant-premières des Secrets (Raja Amari, 2010) et des Femmes du Caire (Yousry Nasrallah, 2009) tous les deux sélectionnés officiellement à la Mostra de Venise de 2009, deux films se démarquent.
Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe de la syrienne Hala Alabdalla, prix du documentaire à Venise en 2006, marque intensément et durablement après sa vision. Traitant le déchirement de l’exil, l’impossibilité de reconstruire une mémoire éparse, Hala Alabdalla tourne avec pudeur son film vers l’avenir et, le magnifique noir et blanc aidant, invite le spectateur dans cette Syrie qu’elle avait quittée. Ses routes, ses amies, sa mer… D’une grande force, sans aucun doute l’expérience la plus troublante du festival. Grenades et myrrhe (2008), de la palestinienne Najwa Najjar, nous convie lui à Ramallah, entre tradition et modernité, là où Kamar (sublime Yasmine Elmasri), cherchera à vivre et à aimer. Plus encore que ses actrices, Najwa Najjar assistée par la photographie de Valentina Caniglia, convainc par sa capacité à retranscrire l’atmosphère de cette ville qui, entre ordre et chaos, entourée de murs et de check-points, semble étouffer.
Où vas-tu Moshé? (Hassan Benjelloun, 2007)
La durée de l’évènement laisse forcement sur sa faim. Mais pour ces films, bien différents, pourtant réunis habituellement dans une même confidentialité, cette frustration du spectateur, cette envie d’aller plus loin encore, est sans doute le plus beau des compliments. Cinéma marginalisé à la télévision, cette petite semaine à l’Institut Lumière, lui a permis pour un temps, de retrouver une vraie place sur l’écran. Les cinéastes italiens y ont pris le relais, mais les images des Fenêtres sur le Cinéma du Sud encore en tête, on espère qu’une chose: ne pas avoir à attendre trop longtemps avant de nous retrouver face à elles.
Trois ans après son court-métrage Adami, « L’arche des Canopées », Céline Sallette revient à Cannes et nous confirme qu’elle fait un cinéma de la candeur.