Défendant chacun leurs paroisses, les professionnels du métier se plaignent souvent pour les uns de l’omnipotence des chaînes de télévision finançant essentiellement les grosses machines, quand les chantres d’un cinéma plus grand public dénoncent la politique du CNC, donnant uniquement son aval aux œuvres auteurisantes cafardeuses. La vérité se situe sans doute entre les deux, symbolisée par la programmation française de cette semaine (dans laquelle nous rangeons également les rééditions dvd de Jacques Demy).
Cette diversité de productions, on la retrouve également dans la distribution. Le cliché d’une habituelle « invasion américaine » dans les salles est ici largement contredit. La diversité des genres, nationalités et thématiques des films de la semaine est assez remarquable : européen avec le référentiel et expérimental Double Take du belge Johan Grimonprez et le diptyque Milk/Miel à travers lequel Aliénor Ballangé poursuit son étude du cinéma turc, feuilleton de l’été en ces lieux. N’oublions pas également le réussi Amore, symbole de la bonne santé récente du cinéma italien. Même si l’hétéroclisme des sorties est souvent le lot de la capitale, nous pouvons nous réjouir d’un éventail de sorties parmi les plus diversifiées au monde, pour preuve encore, la sortie prochaine du film Tchadien Un homme qui crie.
Plutôt que de se cloisonner dans les écoles, courants de pensée et tendances, c’est donc vers cette diversité que tend notre démarche, laissant s’exprimer les goûts et sensibilités diverses au service d’un même art. La multiplicité unique qu’offre notre système, mettons-la à profit pour défendre la qualité et le plaisir procurés par nos coups de cœur (sans oublier cette semaine le fascinant Songe de la lumière et La Religieuse portugaise, édité en dvd) plutôt que de pointer les défauts d’une segmentation qui constitue en fait un vrai atout.