DVD « La Permission de Minuit »

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Quand Vincent Lindon rencontre Delphine Gleize, réalisatrice sensible, ça donne un film touchant et original. Traitant d’une maladie rare et une amitié intergénérationnelle, « La Permission de Minuit » bouleverse. Pour sa sortie DVD, retour sur un film qui marque par sa réalisation minutieuse et son recul par rapport à l’adolescence et la mort.

Parler d’un film sur la maladie n’a à priori rien de captivant. Mais dans La Permission de Minuit, c’est à une maladie très rare que s’intéresse Delphine Gleize, celle des « enfants de la Lune », qui dès leur plus jeune âge ne peuvent s’exposer à la lumière du soleil sous peine de graves séquelles. Du coup, ces enfants et adolescents vivent la nuit, ou revêtent des tenues presque « de combat » pour affronter sans danger les UV. A l’origine du scénario, la découverte de cette maladie par la réalisatrice, par l’intermédiaire du bonus d’un documentaire de France 3 visionné il y a quelques années. Spectaculaire, la maladie pose problème quand aux gestes du quotidien et aux activités liées à l’enfance. Comment accepter d’être différent, d’être malade et pour autant profiter de la vie autant qu’un autre, rencontrer, jouer, séduire ?

La Permission de Minuit © Rezo Films

Quentin Challal, premier rôle sur grand écran

Adolescent de treize ans, Romain tente de vivre ses journées sans trop se poser de questions. Vivant seul avec sa mère, le jeune garçon se lie d’une amitié presque fusionnelle, sensiblement paternelle avec David, son dermatologue de quatre fois son âge. Le lien entre le patient et son médecin dépasse le cabinet, aboutissant à un voyage et une complicité s’expliquant par un suivi de Romain par David quasiment depuis la naissance, jusqu’aux premières questions d’hommes, de sexualité, de séduction. Mais un jour, le médecin tant aimé est muté, chose à laquelle il s’attendait depuis longtemps…

Une réalité filmée

La force de Delphine Gleize réside dans le choix d’une distance entre ce qui est raconté, ce qui est filmé et l’histoire d’amitié au centre du scénario. Certes, les « enfants de la lune » sont le cœur du film, notamment la difficulté pour ces malades de vivre en société, de faire comme tout le monde. Mais à aucun moment la cinéaste ne tombe dans la pitié ou l’émotion à outrance. Bien au contraire, l’attachement entre le professeur et son patient est subtil, concrétisé par l’arrivée de la remplacante – divinement interprétée par Emmanuelle Devos. C’est une rupture, une coupure, une séparation difficile, dépassant ce rapport soignant / soigné. Du petit cabinet aux grands espaces, cette nature symbolique d’évasion, Delphine Gleize a su porter jusqu’à la scène finale cette volonté de filmer deux êtres qui s’aiment, se complètent et ne se lâchent pas.

La Permission de Minuit © Rezo Films

Vincent Lindon
Poignant, l’acteur confirme une fois de plus son talent dans un rôle qui lui colle à la peau. La réalisatrice, lors de leur rencontre, a vu en lui un médecin né. Tout se situe dans une gestuelle millimetrée, une maniaquerie propre au corps médical, une force de caractère jumelée à une sensibilité de père, une envie d’aider l’autre. En jouant David, Lindon incarne un médecin au grand cœur qui connait ses gestes, s’attache à son patient et dépasse l’univers médical pour s’établir sur celui de l’amitié.

Peut-être que le film s’approche-t-il parfois un peu trop près du documentaire, voire du docu-fiction, mais par son casting et la finesse d’un scénario, réfléchi et bien écrit, Delphine Gleize signe avec La Permission de Minuit un très beau film sur la maladie, la mort et l’adolescence. A voir, abosulement.

DVD édité chez Universal


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