Woody Allen, génial dialoguiste, livre avec son dernier Café Society (2016) une analyse très humaine de nos trajectoires existentielles. Le Hollywood des années 1930, entre parades mondaines et désirs cachés, offre un cadre magnifique pour que s’entremêlent les destins individuels.
Les films sur Hollywood semblent se multiplier ces deux dernières années. Après l’exploration de la psyché de l’acteur dans Birdman (Alejandro Gonzales Iñárritu, 2015) et la célébration des puissances humaines formidables dans Ave, César ! (Joel et Ethan Coen, 2016), Woody Allen vient à son tour soulever le voile des apparences et se mettre en quête de l’humain sous les fards hollywoodiens. À la différence des deux autres films, Café Society a pour protagonistes principaux deux personnages qui n’appartiennent pas directement à la sphère médiatique hollywoodienne, Bobby (Jesse Eisenberg) et Vonnie (Kristen Stewart). Ils y travaillent, certes, ils côtoient les stars, mais ils se moquent de leurs poses et de leurs villas outrancières pour cultiver un amour discret, fait « de droiture ». C’est sans doute par ce choix d’explorer les à-côtés du monde des studios que Café Society apparaît indéniablement plus mélancolique que Birdman et Ave, César !. Ni spectaculaire passionnel, ni satire sociale, mais introspection à la fois douce, comique et tragique d’un triangle amoureux comme seul Woody Allen sait les construire.
Une sorte d’existentialisme hédoniste traverse Café Society. La vie comme flux permanent d’êtres, sur une seule et même terre, où naissent choix, regrets et responsabilités. On comprend le souhait de Ben (Corey Stoll) : « J’ai besoin de croire en une vie après la mort. » Sans doute pour prolonger, éternellement, l’inlassable jeu du désir qu’on appelle l’existence.
Café Society de Woody Allen – DVD et Blu-ray édités par Studiocanal – Disponible depuis le 13 septembre 2016