Copacabana

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Une jolie histoire de mère et de fille, signée Marc Fitoussi, où l’on retrouve Isabelle Huppert libre et libérée dans son jeu. « Copacabana » trouve sa force dans sa subtile simplicité et sa savoureuse interprétation.

Babou est une maman un peu « folle », baroudeuse mais surtout une femme libre qui a essayé d’inculquer le même esprit à son enfant. Une fille, au contraire, qui aspire à plus de stabilité après cette vie de bohème par procuration. Esméralda va donc se marier et espère que sa mère ne participera pas à la cérémonie, histoire de ne pas lui faire « honte ». Cette attitude va provoquer comme un sursaut chez Babou. Elle trouve un job de commerciale, assez ingrat, dans l’immobilier, au prix d’une expatriation à Ostende (Belgique), pour prouver à sa fille qu’elle mérite tout simplement d’être sa mère et d’être conviée à célébrer, avec elle, l’un des plus beaux jours de sa vie.

Les relations mère-fille ont le vent en poupe ces derniers mois au cinéma. On se souvient notamment du très explicite "Mères et filles" de Julie Lopes-Curval avec Catherine Deneuve, Marie-José Croze et Marina Hands. Si la relation mère-fille est également le fil rouge de "Copacabana" de Marc Fitoussi, il est surtout envisagé ici du point de vue de la mère, Babou, fraîchement incarné par Isabelle Huppert. On y croit et on est emporté par cette femme qui veut vivre en dehors des sentiers battus, émus comme elle par ses chagrins de mère et entraîné pour son amour du Brésil et de la danse brésilienne (Copacabana, donc). Babou est une femme entière, qui prend la vie comme elle vient, sans se poser de question. Si, une. Arrive-t-elle à être une bonne mère ? Toute son énergie est focalisée sur cette volonté d’être à la hauteur et elle prend source dans la nostalgie de la relation qu’elle a eue avec la version enfant d’Esméralda. Il en est de même pour l’énergie de Michel Fitoussi qui est toute concentrée sur la façon de rendre compte du cheminement de son personnage principal. Le cinéaste a opté pour une narration au fil de l’eau qui pose le personnage de Babou et l’installe dans une succession d’évènements qui rendent le dénouement du film plausible (bien que miraculeux).

Copacabana est une histoire simple racontée simplement mais pas de manière simpliste : Fitoussi parvient à lui donner du relief à chaque plan. Peut-être parce qu’aucune scène n’est laissée au hasard et permet de reconstituer le puzzle de l’intrigue. Le malaise est perceptible dans cette salle de restaurant où Babou invite sa fille censée passer avec elle un week-end en tête, ainsi que deux autres jeunes rencontrés dans la ville. La suite des évènements sera des plus logiques. De même quand Lydie, la patronne de Babou, et cette dernière échangent un regard lourd de sous-entendus après le renvoi de cette dernière.

La véracité de l’interprétation d’Isabelle Huppert, de Lolita Chammah, mère et fille dans la vraie vie, et Aure Atika (tout comme Chantal Blanier, elle jouait déjà dans le moyen métrage de Marc Fitoussi sur la vie de commerciaux, "Bonbon au poivre", 2005) sont un atout de charme pour ce film. Le casting belge est tout aussi réjouissant. On y retrouve d’ailleurs, dans un petit rôle, l’un des héros de "La Merditude des choses" (2009) de Felix Van Groeningen, Valentijn Dhaenens.

Marc Fitoussi, également scénariste de "Copacabana", a eu du flair de proposer le rôle de Babou à Isabelle Huppert. Il en dévoile une facette que l’on aimerait voir un peu plus souvent au cinéma. Un peu de légèreté, que diable ! Parce que l’une des plus grandes actrices françaises le vaut bien.

Titre original : Copacabana

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Durée : 107 mn


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