Chacun pour tous

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Après avoir consacré un premier film au football avec « Les Petits Princes » en 2013, Vianney Lebasque revient avec « Chacun pour tous », centré cette fois autour d’une compétition de basket.

Si on retrouve le dénominateur commun du sport, les deux films se révèlent très différents : Les Petits Princes prenait la forme d’un drame assez classique tandis que Chacun pour tous mélange les genres, en étonnante comédie mâtinée d’émotion. Un entraîneur – en l’occurrence de l’équipe française de basket pour handicapés – décide d’engager de faux handicapés pour pallier au manque de joueurs et sauver son équipe devant l’indifférence générale des médias et de la fédération.
Quand Les Petits Princes était « réaliste », Chacun pour tous, bien que tiré d’une histoire vraie, prend clairement des allures de fable et de parabole sur la fin qui justifie les moyens. Le film donne à réfléchir notamment autour de l’épineuse question : Une imposture est-elle excusable si elle sert une cause noble?
C’est à n’en pas douter un sujet vaste, complexe, problématique et qui confère une vraie profondeur à cette rafraîchissante chronique sportive, vectrice de bonne humeur même si la gravité ne se trouve jamais bien loin.
Rythmé, sans temps mort, le film également scénarisé par Vianney Lebasque, avec la complicité de Francs Bellocq et Victor Rodenbach sur une idée de Caroline Hermand, réussit à raconter cette histoire intrigante en jonglant avec les genres, les tonalités et les couleurs. Les clichés ne sont pas toujours évités, mais le film ne s’attarde pas dessus.
Si l’oeuvre se laisse suivre avec autant de plaisir et d’intérêt, c’est grâce à un ensemble d’acteurs excellents et tous très attachants. Jean-Pierre Darroussin en premier lieu est incroyablement touchant, criant de justesse dans son rôle d’entraîneur dont la fille est handicapée, ce qui explique pourquoi son équipe lui tient tellement à cœur. Lors d’un beau passage très lyrique, il explique comment et à quel point la vie est différente quand on est le père d’une enfant handicapée.
L’humoriste Ahmed Sylla continue quant à lui sa prometteuse ascension au cinéma après le film du même nom, apportant au film la candeur et la fraîcheur qui lui sont propres et qui s’avèrent joliment synchrones avec le propos. C’est également avec plaisir, sinon, qu’on retrouve Olivier Barthélémy, révélé voici sept ans par Notre jour viendra de Romain Gavras et comédien intéressant dont on peut regretter qu’il tourne trop peu, et dans des rôles pas assez importants. On aimerait citer enfin aussi Thomas de Pourquery, Clément Langlais, Camélia Jordana, Esteban et Vincent Chalambert, eux aussi très convaincants.
Ravigotant et sain, Chacun pour tous milite avec justesse, tout en laissant un espace à la réflexion de chacun, contre la mise à l’écart des handicapés et les à prioris têtus à leur égard – on sait d’ailleurs que la frontière peut parfois s’avérer plus poreuse qu’on ne croit entre les soi-disant handicapés et les soi-disant non handicapés. La comédie, joyeuse et fédératrice, a déjà récolté deux prix notables, un au festival de Locarno et l’autre au festival d’Angoulême dans la catégorie « coup de cœur » ; on lui souhaite vivement de continuer ce parcours réjouissant et mérité.

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