« Divine féminin » n’est pas la première incursion du Traffic Quintet dans le domaine du cinéma, le groupe – exclusivement constitué de cordes – ayant revisité il y a quelques années les plus fameux morceaux de la Nouvelle Vague. A l’initiative de Dominique Lemonnier, sa fondatrice et metteur en scène – y occupant elle-même le poste de violoniste –, le Traffic Quintet se lance ici dans un travail à la fois proche de l’hommage pur, la plupart des partitions d’origine étant respectées à la lettre, et du pari. En effet, par l’entremise d’Alexandre Desplat, le travail de transcription de mélodies aussi fameuses que celle composée par Jerry Goldsmith pour le Chinatown de Polanski – donnant corps à une saisissante embarcation de près de sept minutes, justifiant peut-être à elle seule l’écoute de l’album –, ou le Virgin Suicides de Air, dont les voix sont donc remplacées par la « distinction » d’une ligne plus flottante dans le mariage des cordes invite à un peu plus qu’une plaisante réécoute de morceaux plus que connus.
Sorti depuis le 17 janvier, le disque, qui se suffit bien sûr à lui-même, n’est qu’un aspect du projet « Divine féminin », l’histoire se prolongeant dans quatre concerts organisés entre le 3 février et le 23 mars. Au charme de l’écoute solitaire et répétée de ce bel album studio doit s’associer le partage en salle, la communion entre les spectateurs de ces films irradiés par leur personnage féminin et l’interprétation live de ces partitions fameuses pour mesurer pleinement le potentiel de réincarnation des figures de Catherine Trammell, Madeleine ou encore la Anna du beau Birth de Jonathan Glazer.
Malheur : à l’heure de la publication de cet article, ne reste qu’une ultime représentation à intercepter, le mercredi 23 mars donc, au Théâtre du Garde-Chasse des Lilas (93). Opportunité immanquable de finir en beauté cette escapade idéalement unisexe.
« Divine féminin » du Traffic Quintet, Galilea Music (Universal)
