Mercredi 15 mai : Xavier Dolan, Julianne Moore et Werner Herzog discutent technologies
En plus du festival, Cannes est le lieu de toutes les soirées privées et évènements secrets. C’est à cette occasion que Mastercard en partenariat avec le festival a organisé une masterclass en compagnie de Xavier Dolan, Julianne Moore et Werner Herzog au Majestic. Leur point commun ? Tous présentent cette année un film : Xavier Dolan se retrouve pour la troisième fois en compétition officielle avec Matthias et Maxime, Werner Herzog présente en séance spéciale Family romance, LLC tandis que Julianne Moore campe le rôle principal du nouveau Guadagnino The staggering girl, court-métrage visible à la Quinzaine des Réalisateurs.
Le débat intitulé « see the world through a different lens » (« voir le monde avec un objectif [de caméra] différent ») amenait nos trois professionnels à évoquer leur façon de travailler à l’ère du numérique et des nouvelles technologies. On a pu directement remarquer un certain écart générationnel entre Herzog et Dolan qui ont cependant tous les deux expérimenté le tournage en numérique. Xavier Dolan avoue alors avoir tourné son premier film J’ai tué ma mère (2009) en pellicule et estime que celui-ci aurait pu être encore plus créatif si tourné en numérique. Julianne Moore, elle, s’impose en véritable féministe et assure qu’il n’y a malheureusement pas encore de véritable égalité des genres dans l’industrie cinématographique. Elle partage néanmoins son expérience d’actrice : « Quand je joue, je projette ma propre expérience ». S’engage alors une conversation spontanée et touchante entre Herzog et Dolan sur les rapports d’un réalisateur avec ses acteurs. Le cinéaste allemand insiste sur l’alchimie qu’il recherche toujours tandis que Dolan affirme que les acteurs doivent être capables d’autocritique et de se regarder à l’écran. Le prodige québécois sait de quoi il parle puisque qu’avec Matthias et Maxime, il se retrouve à nouveau acteur et réalisateur comme dans ses deux premiers films (J’ai tué ma mère en 2009 et Les amours imaginaires en 2010). Dolan, toujours optimiste, est persuadé que les films peuvent aider à changer le monde et finit par « Je vois le monde d’une certaine façon et j’invite les gens à le voir ainsi ».
Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, Quentin Dupieux frappe fort avec Le Daim
Ambiance décontractée et agréable au théâtre de la Croisette où sont diffusés les films de la Quinzaine. Retard dans les projections ce jour-là, on se rend vite compte que festival rime avec queue interminable ! Pour combler ces 2h30 d’attente dans la file, on joue aux cartes, on teste ses connaissances en cinéma et on se remémore aussi la filmographie de Quentin Dupieux avant d’aller voir son nouveau film Le Daim.
Meilleur film de Quentin Dupieux depuis Rubber (2010), et comparable à celui-ci, Le Daim réconcilie le public français avec Jean Dujardin de retour sur le sol français. Georges, 44 ans, et son blouson 100% daim, ont un projet. Un projet qui va embarquer Adèle Haenel dans une folle aventure, elle qui est à l’affiche de trois films présentés à Cannes cette année avec Les héros ne meurent jamais à la Semaine de la Critique et Portrait de la jeune fille en feu en compétition officielle.
Au départ comédie intimiste, le film s’engouffre de plus en plus dans la folie de son personnage principal, Georges, qui veut être la seule personne au monde à porter un blouson. Jean Dujardin livre une prestation remarquable avec des scènes mémorables où il dialogue avec son blouson et en alternant les voix. Avare en paroles et jouant pourtant sur un comique de situation, on retrouve encore un procédé de mise-en-abîme comme dans The dead don’t die où Georges filme son quotidien avec son caméscope et s’improvise cinéaste. Quentin Dupieux signe un film surprenant oscillant même vers le thriller. Standing ovation de la part du public.
J3 à suivre sous peu ! Au programme : Bacurau et Elton John.