Blackout Total

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Même pas drôle.

Meghan Miles (Elizabeth Banks), profil parfait de la parfaite miss Texas, présente chaque soir un journal télévisé sur une petite chaîne de Los Angeles. Sa vie parfaite vole en éclats le jour où elle apprend que son fiancé la quitte et que son entretien pour le job de ses rêves (présentatrice sur une plus grande chaîne) vient de lui filer entre les doigts. Dure journée. Pour lui éviter de déprimer en jogging et sans brushing dans une maison vide, ses deux meilleures amies (la vulgaire et la décérébrée sexy, figures imposées des comédies « de fille ») la traînent dans une boîte de nuit. Un shot en entraînant trois autres, Meghan se réveille dans le lit du barman (James Marsden) et apprend qu’elle est encore en lice pour le poste tant convoité. Youpi. Seul problème : elle doit être dans les bureaux de la chaîne alors qu’elle est coincée dehors, en pleine nuit, sans voiture, sans portable et dans une robe jaune on ne peut plus moulante.

Blackout total est la traduction française de Walk of Shame. Un peu ridicule certes mais pas complètement dénué de sens, car elle résume bien l’expérience vécue par le spectateur de retour chez lui après avoir vu ce film. « Mais qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui ? Ah oui, je suis allé au cinéma…mais pour voir quoi ? ». Un blackout total. Une légère crainte se faisait déjà sentir à la lecture du synopsis, ou même devant l’affiche du film : un lendemain de cuite et des filles propulsent désormais n’importe quel film en digne héritier de Very Bad Trip (Tod Phillips, 2009) ou de Mes Meilleurs Amies (Paul Feig, 2011). On regrette que cela ne soit pas le cas, au moins on aurait ri. Car autant le dire tout de suite, Blackout Total n’est pas drôle, à aucun moment.

 

Le film tient en un seul argument : Meghan Miles, en robe jaune canari, court et tout le monde – la police, les dealers, ses amis – lui court après. Dans le registre, on court tous les uns après les autres et c’est trop rigolo, même Benny Hill était plus efficace. Pauvre Elizabeth Banks, que l’on avait adorée dans Zack et Miri font un porno (Kevin Smith, 2008), réduite à pousser des « oh » et des « ah », à s’agiter dans tous les sens à la limite de l’hystérie, pour indiquer au pauvre spectateur à quel moment il faut rire. Réduite, surtout, à son corps moulé dans une robe Marc Jacobs, prétexte à la blague pivot du film : Meghan Miles, fille propre sur elle et sans histoires, est prise à de multiples reprises pour une prostituée. Ah ah. Le quiproquo peut faire sourire une fois, mais le même quiproquo répété quinze fois sur le même ton, ça lasse.

Dans une comédie, le rire naît souvent d’une surprise ou d’une attente déçue. Charlot met une dizaine de sucres dans son café, le goûte, fait la grimace. On sourit, le café est évidemment imbuvable car trop sucré. Erreur, il y ajoute en fait un autre sucre et déguste son café. On rit. Le réalisateur nous a eus, il nous a surpris en étant plus malin que nous. Il semblerait que Steven Brill ne soit pas, hélas, beaucoup plus malin que nous. Tous les gags ont été vus et revus, tout ce que l’on imagine se réalise et les tentatives d’originalité se court-circuitent d’elles-mêmes au bout de cinq minutes (Meghan a peur des chats, une scène d’une minute avec un chat…et voilà). Aucune surprise, la folie et l’absurdité ont dû rester coincées à l’extérieur du film en claquant la porte derrière elles. Aucune scène n’est aboutie, le film accumule les clichés sans jamais jouer avec ou les prendre à contre-pied, comme si plusieurs scénaristes avaient écrit des bouts de sketches chacun dans leur coin avant de les réunir au cours d’une soirée « cadavre exquis ». Mais le pire est à venir. Au bout d’1h30 sans rire, vient le temps des leçons à tirer de cette aventure digne de L’Incroyable voyage (Duwayne Dunham, 1994). Que faut-il dont retenir de tout cela ? Que, ô surprise, il faut rester soi-même et que le travail, c’est pas le plus important dans la vie. Merci Steven.

Aux Etats-Unis, le film est interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte. On se demande bien pourquoi. En France, mieux vaut passer son chemin quel que soit son âge et regarder Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy (Adam McKay, 2004) qui, lui, est drôle.

Titre original : Blackout Total

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Durée : 105 mn


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