Benjamin Gates et le Livre des Secrets (National Treasure 2: the Book of Secrets)

Article écrit par

En attendant Indiana Jones, Benjamin Gates assure le spectacle dans la confusion.

Plutôt que de parler directement de politique, à l’instar du Watergate abordé par Oliver Stone dans Nixon d’Oliver Stone, Benjamin Gates mélange culture populaire américaine et mémoire collective dans une sauce Barbecue. Derrière une confusion de genres, Benjamin Gates n’incarne pas avec suffisamment de crédibilité la « conscience américaine » que son personnage revendique. Benjamin Gates est d’abord un croisement entre différents personnages cultes du cinéma.

Benjamin est d’abord assez proche du personnage de Ian Fleming. Ce James Bond recherche la Cité d’Or, preuve ultime de l’honorabilité de son grand-père. Le dessein est certes assez différent d’une histoire d’espionnage autour de la Guerre froide mais le potentiel destructeur du personnage est identiqueà celui de l’agent 007.

« Benjamin Bond » opère en tout intelligence dans son milieu.  A vive allure, en voiture, grâce au flash de la photo prise par un radar londonien, il sauvegarde puis récupère l’image d’un mystérieux parchemin. Q n’est pas loin. On aperçoit son fantôme, tout au long du film, réincarné dans la peau du frère de Benjamin Gates, Thomas (Joel Gretsch). Ce dernier est cependant loin d’avoir la répartie légendaire de Desmond Llewelyn (Q). La démonstration des moyens utilisés par Benjamin Gates (vol à Buckingham Palace, intrusion dans le bureau ovale de la Maison Blanche, kidnapping du président des Etats-Unis, …) est quelque peu disproportionnée avec la défense de l’honneur de son grand père. Mais où est M ?

Benjamin, Indiana Jones des temps modernes ? La relation entre Benjamin et Henry Gates (Jon Voight), son père, est ensuite étrangement proche de celle d’Harrison Ford et de Sean Connery dans Indiana Jones et la Dernière Croisade. Junior l’intrépide, n’écoutant pas les conseils de son père est irrésistiblement aspiré dans une quête d’un graal (la Cité d’Or). La présence du nonchalant Johnny Guitar (Harvey Keitel) et du taciturne Beetlejuice (Ed Harris) n’enlèvent rien à cette présence dans l’action du mythe « de l’aventurier au lasso ». Cependant, les scénaristes voulant éviter à tout prix la référence avec le régime nazi de Indiana Jones et la Dernière Croisade, ils se sont contentés d’une modeste allusion à un aigle dans le Livre des secrets que recherche Benjamin Gates. Derrière l’aventure, moins palpitante, manque une touche d’ironie à ce divertissement. Vivement Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal !

Titre original : National Treasure 2: the Book of Secrets

Réalisateur :

Acteurs : , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 128 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Dersou Ouzala

Dersou Ouzala

Oeuvre de transition encensée pour son humanisme, « Dersou Ouzala » a pourtant dénoté d’une espèce d’aura négative eu égard à son mysticisme contemplatif amorçant un tournant de maturité vieillissante chez Kurosawa. Face aux nouveaux défis et enjeux écologiques planétaires, on peut désormais revoir cette ode panthéiste sous un jour nouveau.

Les soeurs Munakata & Une femme dans le vent.Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Les soeurs Munakata & Une femme dans le vent.Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Dans l’immédiat après-guerre, Yasujiro Ozu focalisa l’œilleton de sa caméra sur la chronique simple et désarmante des vicissitudes familiales en leur insufflant cependant un tour mélodramatique inattendu de sa part. Sans aller jusqu’à renier ces films mineurs dans sa production, le sensei amorça ce tournant transitoire non sans une certaine frustration. Découvertes…

Dernier caprice. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Dernier caprice. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Le pénultième film d’Ozu pourrait bien être son testament cinématographique. Sa tonalité tragi-comique et ses couleurs d’un rouge mordoré anticipent la saison automnale à travers la fin de vie crépusculaire d’un patriarche et d’un pater familias, dans le même temps, selon le cycle d’une existence ramenée au pathos des choses les plus insignifiantes. En version restaurée par le distributeur Carlotta.

Il était un père. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Il était un père. Sortie Blu-ray chez Carlotta, le 19 mars (OZU, 6 films rares ou inédits).

Difficile de passer sous silence une œuvre aussi importante que « Il était un père » dans la filmographie d’Ozu malgré le didactisme de la forme. Tiraillé entre la rhétorique propagandiste de la hiérarchie militaire japonaise, la censure de l’armée d’occupation militaire du général Mac Arthur qui lui sont imposées par l’effort de guerre, Ozu réintroduit le fil rouge de la parentalité abordé dans « Un fils unique » (1936) avec le scepticisme foncier qui le caractérise.