Au galop

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L’amour, le deuil et la famille : vaste programme pour si peu d’implication.

Le film débute sur un commentaire. Paul est sur un pont parisien, et sa voix-off nous décrit ses états d’âmes. On ne pourrait imaginer inscription dans l’héritage des « Doinel » de François Truffaut plus limpide. Ce personnage de romancier, incarné par Louis-Do de Lencquesaing lui-même, en plus d’être le narrateur de sa propre aventure, en est le pivot, la matière romantique de ce premier film. Autour de lui, des femmes à trois âges de la vie et de l’amour.

Après trois courts métrages (Mécréant, Première séance et Même pas en rêve), dont deux où il jouait déjà, accompagné de sa fille Alice de Lencquesaing, le comédien et metteur en scène de théâtre confirme son souci de la famille. Mais plus délicat peut-être, il prend le risque avec ce premier long d’être assimilé à sa propre aura d’acteur dans Le Père de mes enfants, de Mia Hansen-Løve, où sa belle interprétation du producteur Humbert Balsan l’a fait connaître du public, déjà accompagné de sa fille à la vie.

Si les deux films ont en commun un certain attachement à la déambulation parisienne, ils se retrouvent surtout dans une exploration délicate de l’amour et des liens filiaux. Au galop se regarde plaisamment, comme une porte ouverte sur l’intimité d’un homme un peu détaché, écrivain simple, soudain frappé par un nouvel amour en même temps qu’un deuil. La mise en scène est fluide, lumineuse, et les personnages vont et viennent dans un ballet de sentiments, de rencontres amoureuses et familiales.
Point de gravité, jamais de drame, même lorsqu’une figure paternelle disparaît, elle-même nous faisant gré de la douleur. Il y a chez le réalisateur un volontarisme un peu maladroit dans certaines scènes à mettre les émotions à distance. Lorsque les deux frères se rendent à l’hôpital, jouent à un concours de blagues entre eux, c’est à celui qui maintiendra la douleur le plus hors de portée. Si « la politesse des sentiments » est une belle intention, elle réduit le film à une superficialité rapidement lassante. De même que lorsque la mère perd un peu la tête, ou que le petit ami de la fille fait une dépression, chaque drame évoqué est aplani, évacué dans la légèreté du personnage de Paul.

Ce refus de l’engagement pousse la fiction à l’ennui, empêche d’être vraiment concerné par la tranche de vie de ce bourgeois-bohème pas désagréable au demeurant, mais si peu investi de cinéma, si peu impliqué dans sa propre mise en images, qu’on ne lui concède que le charme de son aîné Antoine Doinel, sans la profondeur tragique qu’on aimait tant.

Titre original : Au galop

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Durée : 93 mn


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