Après la nuit

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Un nouveau film sur le couple, mais avec le regard d’un jeune Roumain très inspiré par la Nouvelle Vague roumaine.

Une histoire de formats

Après quatre courts métrages, Marius Olteanu nous propose son premier long métrage qui doit beaucoup à la Nouvelle Vague roumaine dans l’observation précise des situations et de la psychologie de ses personnages, très proches de la vraie vie. Son film, découpé en trois parties distinctes, est une belle réussite même s’il n’est pas facile d’accès. Il y a d’abord le choix esthétique d’agrandir ou de rétrécir l’image en fonction des états âmes de ses personnages. Ainsi le film commence en format 1:1, sans pour autant évoquer nullement Xavier Dolan puisque les prises de vue sont beaucoup moins en prise réelle, ou caméra épaule, mais en plans fixes d’une grande sobriété et d’une belle intensité. Mais ces cadres différents se sont imposés à lui, selon les sentiments ressentis tels que l’isolement, la solitude, la tension, la peur et surtout la difficulté de se rapprocher de l’autre, de sortir de soi.

 

Une histoire d’amour

C’est tout le propos de son film qui aborde, après une série d’enquêtes sur des couples réels, les problèmes rencontrés par des hommes et des femmes après des années de vie commune. C’est en réalité ce que symbolise ce couple filmé en trois parties distinctes qui font comme un apprentissage, celui de l’amour partagé qui est sans doute plus pur lorsqu’il accepte la séparation comme gage d’amour, pour reprendre la célèbre pensée de Pierre Reverdy, reprise ensuite par Jean Cocteau : « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. » L’amour d’ailleurs sous toutes ses formes, puisque le film aborde courageusement et frontalement l’homosexualité masculine dans un pays où elle est encore traitée comme un grand tabou. L’acteur et l’actrice (trouvée d’ailleurs pratiquement la veille du tournage) sont absolument magnifiques de fragilité, d’humanité, surtout dans la dernière partie du film où ils se retrouvent, non pas pour se déchirer, mais pour mieux apprécier le chemin parcouru ensemble ou séparément, mais toujours à deux. Des scènes, telle que la relation entre les deux hommes, ou la rencontre avec la grand-mère, sont de beaux moments de cinéma.

Une histoire tout court

C’est un film coup de poing, magnifique, à la manière roumaine contemporaine. On y trouve quelques influences, et on pense notamment à Sierranevada de Cristi Puiu (2016), mais parfaitement maîtrisées. Si on se demande comment le réalisateur a pu passer ainsi du court métrage au long métrage, avec une telle maestria, c’est sans doute par un travail précis et difficile de répétitions et d’écriture, mais aussi par l’inspiration qu’il déclare, dans le dossier de presse du film, avoir trouvée dans un court métrage qu’il avait réalisé auparavant. « Le désir de ce film est parti d’un de mes courts métrages, Score Nul, réalisé en 2015 et très proche de la première partie d’Après la nuit. A chaque projection, le public restait et manifestait beaucoup de curiosité, ce qui générait des débats longs et intenses. J’ai donc trouvé logique de prolonger l’histoire, de créer un contre-point en parlant de l’autre moitié du couple et de leur vie ensemble. En 2015, je me suis mis à écrire et, en 2016, j’étais prêt à tourner. »

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Durée : 110 mn


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