Another Silence

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Du silence. Beaucoup de silence. Trop de silence. Rien à dire ?

« Ce que j’aime chez Santiago, c’est qu’il avance avec ses doutes. » Cette jolie formule de Marie-Josée Croze à propos du réalisateur d’Another Silence est pourtant à double tranchant. Certes, on ne peut que louer l’envie de recherche perpétuelle pendant la fabrication d’un film pour sublimer sa réflexion mais on ne peut que constater qu’un besoin de tout début d’objectif précis en tête se fait ressentir et par conséquent créé un manque. Par trop d’approximation, Another Silence semble tituber au lieu d’avancer cheveux au vent comme son héroïne à travers les déserts argentins.

Elle, c’est Marie, flic à Toronto dont le mari et l’enfant sont exécutés par des jeunes malfrats sud-américains en réponse à l’arrestation d’un important dealer. Pour faire le deuil, elle décide d’aller retrouver pour se venger Pablito, le meurtrier, ce qui la mènera vers les contrées dures et arides du fin fond de l’Argentine. Un pur « revenge movie » mais bien moins agressif et polémique qu’A vif axé sur l’aspect social voire racial de l’expérience. L’introspection, le minimalisme et par définition le silence sont de mises dans Another Silence. Le voyage vers cet acte de vengeance est clairement désigné comme étant un parcours intérieur sur le travail du deuil. Très peu de situations ou de rebondissements, le personnage principal avance directement vers les différentes étapes le menant au meurtrier de sa famille, l’issue finale étant d’ailleurs fortement anticipée par l’hésitation du réalisateur à se concentrer sur le quotidien et les motivations (presque compréhensibles) de ce dernier. L’empathie provoquée par cet autre point de vue annule tout effet de surprise. On sait où on nous amène, l’important serait donc d’en observer le cheminement. Or, il ne se passe pas grand-chose. Le récit n’est qu’une suite de séquences où est ajusté progressivement le lieu précis de la quête qui nous intéresse à savoir où est ce sacripant de Pablito. On assiste donc à un road trip en silence éliminant toute possibilité d’analyse et d’évolution du personnage principal. Malgré une qualité certaine de la direction d’acteur, le cadre et l’utilisation pertinente des décors aussi secs que l’émotivité du personnage principal, un manque cruel d’action se fait ressentir. Confronter un personnage silencieux à un vide narratif nous approche dangereusement au fil des minutes vers un ennui culpabilisant devant une œuvre aux entrailles légèrement intrigantes mais qui semble inaboutie.

Titre original : Another Silence

Réalisateur :

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Durée : 90 mn


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