Adam

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Un film de femmes qui parle au coeur de l’humanité.

La surprise au festival de Cannes cette année est venue d’un film de femme, dans la sélection Un certain regard, avec cette oeuvre réalisée par une femme et qui met en scène deux femmes sublimes dans la tourmente et une fillette qui redonne espoir au monde cruel des hommes. A l’heure où la France et le festival de Cannes nous bassinent avec la parité hommes/femmes par la bouche de Marlène Schiappa, ses quotas et ses effets de manche, le Maroc avec ce film nous donne une leçon de modestie et de tolérance. Maryam Touzani, réalisatrice et actrice marocaine, dont c’est le premier long métrage, nous offre un film à la qualité artistique indéniable, avec une belle photo assurée par Viriginie Surdej, qui fait de presque chaque plan un tableau en hommage à Vermeer, et son éclatement du clair-obscur, et les décors sublimes de Pilar Peredo, sur un scénario co-écrit par la réalisatrice et Nabil Ayouch dont on sent parfois l’influence dans la narration. Il faut dire qu’il est son mari dans la vie et qu’elle interprétait le rôle de Salima dans Razzia sorti en 2017. Le film n’est pas seulement une histoire de famille, il raconte l’histoire de toute vie de famille si importante au Maroc et dans les pays musulmans.

 

 

 

Un reflet sincère de la société marocaine

L’histoire se déroule dans la médina de Casablanca et raconte les destins croisés de deux femmes qui, sans le savoir, vont se sauver l’une l’autre, même si la fin ouverte du film pourrait recevoir, et c’est voulu, plusieurs interprétations selon l’état d’esprit et l’optimisme du spectateur. Abla, veuve sévère et mère d’une fillette de huit ans, tient un magasin de pâtisseries marocaines. Un jour, Samia, jeune femme enceinte, frappe à sa porte mais, si Warda la petite fille lui sourit et veut l’accueillir,  autant Abla est réticente. Mais le remords ne lui laisse aucune trêve jusqu’à ce qu’elle la recueille finalement et l’aide au-delà de tout malgré des réticences et des retournements. Le film travaille justement sur ce magnifique trio de femmes, et donne une image très positive de la société marocaine qu’on n’a pas l’habitude de découvrir sous ce jour.

 

 

Avec une touche de Chahine

Par moments, le film rappelle un peu le cinéma de Youssef Chahine, justement dans son optimisme forcené, loin d’être naïf ou stupide. Même si Abla ne pense pas avoir besoin de Samia, et même si elle rechigne à se faire aider dans son commerce de pâtisserie difficile à tenir par une femme seule, elle finira par l’accepter et Samia la forcera à sortir peu à peu du deuil et à écouter encore la chanteuse Warda qu’elle aime tant. Tout comme, dans une dialectique bien sentie et très peu manichéenne, Abla redonnera goût à la vie à Samia et l’aidera à aimer l’enfant qu’elle porte dans la souffrance et la culpabilité ou, du moins, à l’accepter et à faire fi du qu’en-dira-t-on si vivace au Maghreb où être mère célibataire est inenvisageable. Un beau film qui met en scène le combat des femmes pour la liberté et la justice, et qui ont le courage d’être elles-mêmes dans une société qui n’est pas souvent tendre et tolérante avec elles.

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Durée : 100 mn


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