War on Screen, Jour 2, vendredi 11 octobre.

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Joie et bonne humeur.

Le temps augure tout de bon pour cette seconde journée au festival : le ciel est bleu et l’air frais qui se repend dans les rues met de bonne humeur après la journée pluvieuse d’hier. D’autant plus qu’à l’accueil, pour les participants accrédités du festival, c’est un café gratuit auquel nous avons droit. Vite vite, je monte au cinéma du dernier étage pour assister à la projection de courts-métrages. Chacun de ces cinq films a été réalisé par des élèves en master de Paris 1, section histoire du cinéma. Le but est simple : en ayant accès à des images d’archives authentiques et en jouissant d’une parfaite liberté de création, il faut concevoir cinq films d’une durée d’un peu plus de cinq minutes (dix maximum, sans doute) pour développer un point de vue personnel et questionner le rapport à l’image d’archive.

La salle est pleine et, en plus des cinq sorbonnards et de leur professeure, sont présents plusieurs étudiants (les mêmes qu’ hier) et le public du festival. Les cinq films que nous allons découvrir traitent de ce qui suit : 1 une plongée sous-marine peu après la Seconde Guerre Mondiale, 2 la représentation des femmes du spectacle pendant la Seconde Guerre, 3 la vie à bord du sous-marin nucléaire Le redoutable, 4, un mariage de pieds-noirs pendant la guerre d’Algérie et enfin 5, la prévention contre le sida fait par le service de l’armée, avec prises de vue par Raymon Depardon. Du conflit en veux-tu en voilà. Il y a une bonne ambiance, presque guillerette, les lumières s’éteignent et ça commence…et…Pause.

Pause

Pause, car au vu de ce qui va suivre, l’auteur se doit de faire un préambule pour clarifier certaines choses en ce qui le concerne ; raison pour laquelle l’emploi d’un pronom « je » particulièrement subjectif va être nécessaire. Un « je » qui se veut le témoin de goûts et d’expériences personnels avec lesquelles tout a chacun est parfaitement libre de s’identifier ou non.

Je ne supporte pas l’idéologie quelle qu’elle soit et quelle que soit la cause défendue. J’ai toujours beaucoup de mal avec les films empreint d’idéologie ou promouvant l’idéologie à la base. Je déteste lorsque les films se font manipulateurs pour promouvoir leur idéologie, j’exècre particulièrement les films promouvant une idéologie sans l’assumer et, faisant, tente de manipuler le spectateur sans avoir l’air d’y toucher. La vision d’un film idéologique, manipulateur sans avoir l’air d’y toucher et dont l’autosatisfaction égocentrique du metteur en scène transpire par le biais de ses partis pris de mise en scène, qui sont alors autant de façon de se mettre en avant par posture, tendent à déclencher chez moi, des éruptions cutanées particulièrement violentes.

J’ai passé quatre ans de ma vie dans les facultés de Paris 3 et Paris 1 en étude de cinéma. Ces facultés, si elles ont d’indéniables qualités, sont aussi empruntes de pulsion totalitaire rendant à tout le moins complexe, l’expression de propos politique ou social, d’idées, contradictoires avec les dogmes actuels. Aussi, la grosse majorité des courts-métrages présenté ce matin suintant l’idéologie, l’égocentrisme et étant issues d’un établissement que je connais bien pour l’avoir fréquenté deux ans (master pro de Paris 1), les propos qui vont suivre sont quelque peu assassins. Je n’aime vraiment pas, d’ordinaire, faire ce genre de critique, car, par les temps sombres qui court, je préfère montrer du positif, mettre en avant ce qui, je crois, est susceptible d’apporter de la réflexion subtile, de l’émotion raffinée ou, plus prosaïquement, mettre un peu de plomb dans la cervelle.

Mais pour l’occasion et parce que la vision de ces œuvres a aussi déclenché un syndrome post-traumatique chez votre serviteur, j’ai décidé de faire exception et de soulager mes pulsions. Ceux qui n’aiment pas le néo-féminisme et le militantisme moderne approuveront sans doute ma démarche, les autres pourront la trouver scandaleuse. À ceux-là, je répondrais alors en citant la maxime d’un grand poète assassiné par les fascistes : « scandaliser est un droit, être scandalisé est un plaisir. »

NB : le lecteur qui n’aurait que faire des coups de griffes et qui ne souhaite lire que le cours normal de mon parcours au cœur du festival serait avisé de se rendre au chapitre nommé : fin de la pause.

Le fiel : ça pique maintenant

Pour commencer, chacun des cinq films commet la même erreur, y compris le premier, qui est le meilleur : le recours à une voix-off didactique, affirmative et directive. Laissons le premier film de côté et concentrons-nous sur les autres : chacune des voix off décrit avec des tons tantôt sentencieux, tantôt dramatique (surjoués) le sens « véritable » des images réutilisées, ou ce qu’il faudrait en penser. Ce faisant, plutôt que de faire vivre le propos par l’esthétique, chacun des réalisateurs prend le spectateur à témoin et tente de lui faire entrer dans le crâne la vérité véritable se cachant derrière de vilaines images manipulatrices. Elles sont manipulatrices, car elles ne révèlent pas le vraie fond de la société : nous sommes dans un enfer patriarcal, misogyne, fait de racisme et de domination, où les militaires sont les pires de tous (#hommeblanccisgenréhétéropatriarcal).

La monotonie des tons dès étudiants couplés à leurs assertions emplies d’opiniâtreté orgueilleuse donne immanquablement une allure arrogante et nombriliste à chacun de ces films. Un nombrilisme exacerbé par l’emploie d’un « je », ou plutôt d’un « moi je », qui fait office de référentiel immuable d’où il émane une sorte de vérité absolue. Et je dis bien nombrilisme et pas narcissisme, car les narcissiques on pour eux, dans le fond, de faire preuve d’une véritable haine de soi et de ne pas être ainsi, véritablement, complètement vaniteux. Cet usage du « moi je » place les réalisateurs au centre de leurs documentaires, telle une puissante étoile autour de laquelle gravitent les planètes ; leurs sujets deviennent donc accessoires dans la mesure où ils sont un prétexte à se mettre en avant :soi et seulement soi.

Faire un film personnel et intime, ce n’est pas écraser ou vampiriser ce dont on parle pour mettre en avant sa personne. Surtout, ces manières de procéder témoignent d’une façon de juger ces images du passé en se contrefichant du contexte de l’époque, de l’état d’esprit de l’époque. Ainsi, se crée à l’écran un gigantesque amalgame accusatoire perclus d’anachronismes. On juge à l’aune de ce que l’on est actuellement et, ainsi, on regarde de façon hautaine un passé que l’on méprise et rejette sans jamais essayer de le comprendre. Ce faisant, et alors que le but de l’exercice était de montrer en quoi l’image peut manipuler, ces films deviennent profondément manipulateurs. Ce qui, en la matière, est ironique et ne manque pas de sel.

Le pire de ces films est celui reprenant les images de préventions contre le Sida qui ont été tournées par Depardon (le numéro 5, parce qu’il faut toujours garder le meilleur pour la fin). On y observe de jeunes hommes par paires, face caméra, expliquer leur rapport au sexe et à cette maladie. La réalisatrice explique en voix off (encore) se sentir exclue du film, ne pas se sentir représentée parce qu’il n’y a pas de femmes, tout comme il n’y a pas ouvertement, de façon franche, d’homosexuels. Alors oui, c’est vrai, il n’y a pas de femmes à l’écran et pas d’homosexuels représentés, même s’il semble évident que le parti pris esthétique de Depardon était une façon de d’amener subtilement (trop pour certain visiblement) cet aspect en sous-entendu. Et il est vrai qu’il y a de l’homophobie dans l’air de la part des responsables de l’armée (ceci est un pléonasme, car la nature homophobique de ces représentants est une évidence). Mais toute la puissance d’un art consiste justement à mettre le spectateur dans les bottes de l’autre.

Votre serviteur n’a jamais eu de problème à s’identifier à un homme, une femme, un gay, une lesbienne, un faon, un lionceau, une voiture ou un poisson-clown. Je peux même m’identifier à un néo-genré-néo-féministe-néo-progresiste-néoetc… Plutôt que de dénoncer, la vraie réponse aux authentiques problèmes discriminatoires derrière ces images, aurait été de s’identifier clairement à ces jeunes hommes et à leurs angoisses, et ce malgré le formatage discriminant recherché par l’armée.

La vraie réponse aurait été de se montrer empathique là où la norme affirmée prétend l’empêcher pour qui n’est pas de la même caste. Cela aurait ainsi consisté à faire ce que les identitaristes, communautaristes, et normateurs de tout poil sont incapables de faire : se reconnaître une humanité commune face à des enjeux et des défis terribles. En l’occurrence, l’enjeu était de taille : la mort. Mais comme la réalisatrice de ce film fait passer ses revendications identitaires avant l’humanité commune, elle oppose juste son identité à celle des autres. Elle revendique ainsi son manque d’empathie et, il faut bien le dire, son inhumanité. Elle n’est en rien différente, ni moins violente, que ceux qu’elle dénonce ; mais comme elle le fait au nom d’une idée qu’elle estime vrai et qu’elle incarne, c’est une violence qui, selon ses critères, est sans doute justifiée.

Rien, quel qu’il soit, ne justifie l’injustice et une telle violence (la vengeance en vérité), une idée encore moins. C’est la leçon du vingtième siècle que, manifestement, certains ont oubliée. Et cette manie de s’autoriser ce qui ne doit pas l’être au prétexte d’une idée supérieur prouve la présence et le profond ancrage d’un abject esprit de supériorité. Celui-là même qui mena les Européens à coloniser et asservir en toute bonne conscience, au nom de la « civilisation », puis à commettre massacres et génocides.

Parenthèse.ze.zé.zée

Parachèvement de l’ensemble : au moins un des réalisateur a usé de l’écriture inclusive dans son générique. Je me permets donc une petite parenthèse, gratuite, mais qui va me faire du bien. L’écriture inclusive est une écriture qui n’a ni queue ni tête dans la mesure où elle ne peut être prononcée et qui est d’abord et avant tout un marqueur idéologique. Une idéologie que l’on impose arbitrairement, bien que cela ne soit pas légal, par militantisme. L’équivalent consiste à arborer un drapeau communiste ou un swastika en brassard. Ce qu’affirme la présence de cette écriture est ce qui suit : « ici on pense comme ça. »

Et bien que je fasse un effort pour ne pas la voir quand elle est utilisée (illégalement) par des associations, des administrations, des facultés, ou dans le hall de réception de War On Screen, quand je la vois apparaître à l’écran, j’ai des hauts le cœur. Cette horreur, je l’avais vue deux fois déjà de cette façon : dans le générique du Procès du chien, et dans les sous-titres de la bande-annonce de Dahomey. Visiblement, cette tumeur continue de se répandre et c’est bien triste. Mais lorsque je l’ai vue dans le générique d’un de ces chefs-d’œuvre universitaires (peut-être l’était-elle aussi dans d’autres, je ne sais pas, une fois le constat fait, j’ai évité de regarder les génériques suivants dans l’espoir de retenir la nausée qui montait), c’est là, je l’avoue, que j’ai décidé fermement que j’allais laisser aller ma rage ce soir, en faisant mon rapport…

De la nuance tout de même (un petit peu)

Mais comme dit en préambule, tout n’était pas entièrement noir et un film a particulièrement tiré son épingle du jeu. Dans Récifs de fer, le film sur les plongeurs, l’auteure fait fi de l’idéologie pour réinventer, par montage, les images d’archives qu’elle emploie, sans jamais essayer de leur faire dire ce qui n’y est pas. Elle y parvient en jouant avec des images de surface en noir et blanc et d’autres, sous l’eau, en couleur. Un parti pris dynamique et organique qui fait vivre le propos au spectateur et qui a pour belle idée celle d’un fond marin apaisant et poétique là où l’extérieur est encore pris par la grisaille mélancolique de la guerre venant de se terminer. Dommage que la voix off, citant un poème, par son lyrisme, épaississe le trait fin que dessinaient les images.

Il faut aussi reconnaître que deux autres films ont des points positifs. La mise en avant de la nature mécanique d’un sous-marin, qui fait naître une sorte de vision organique et sexualisée inconsciente à bord du navire nucléaire (Kubrick, on t’invoque : soit le bienvenu) fait poindre par instant une ironie joviale dans cette œuvre numéros 3. (Au vu de l’esprit de sérieux ascétique qui règne chez les moines universitaires, cela en devient une prise de risque inconsidérée : Jean-Jaques Annaud et ton Nom de la Rose, c’est toi maintenant qui est invoqué, avec Umberto Eco au passage.) Mais tout cela est plombé par une voix off (toujours elle la maudite) qui égrène de façon trop sarcastique et désapprobatrice ce que recherchent les militaires avec ses images : mettre en avant un style de vie.

Le film sur le mariage des pieds-noirs, quant à lui, avait un très bon parti pris de base qui aurait pu l’amener au niveau de Récifs de fer. Montrer les images de joies pures d’un mariage en pleine guerre d’Algérie véhicule une magnifique idée : la vie qui continue malgré tout. Mais cela est à nouveau handicapé (pour changer) par la voix off et le recours à des images actuelles qui, si elles montrent le caractère intime du sujet, sortent le public de l’immersion (pas les images du témoin, vraiment très touchantes, mais celles en ouverture et clôture du film). Film 2, sur la représentation des femmes qui font du spectacle à la guerre est tout ce qu’il y a de plus féministe et orienté, avec sa cohorte d’absence de nuance, et ainsi de suite…

Il y a donc encore pas mal de chemin à faire pour certains de ces réalisateurs (et je dis réalisateurs, car, en français, le neutre est au masculin). Réalisateurs qui devraient relire la lettre de Barthe à Antonioni, dans laquelle ce dernier explique que la sagesse de l’artiste consiste, entre autres, à ne pas confondre le sens avec la vérité.

Fin de la pause

Bon, arrêtons là pour le fiel, et reprenons notre parcours. Le lecteur l’aura compris, je pense : sortir de la salle de cinéma me fait du bien, et je passe mes nerfs dans l’entrée du bâtiment avec un autre café et en rédigeant mes notes pour le compte-rendu de la journée. Et puisque j’ai du temps (je n’ai pu obtenir le billet pour une de mes séances), allons-y pour ce film VR de 22 minutes dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

Ce film présente une petite histoire où l’on observe le parcours d’un jeune soldat à qui le reste du groupe, partit se faire tuer en chargeant l’adversaire, a confié un chien. Et le premier problème advient très vite : le recours par l’auteur à un montage qui n’immerge pas et oriente la vision du spectateur. Un spectateur qui, ainsi, doit observer les événements d’une certaine manière, sous un angle particulier. Tout cela alors que la VR, justement, à pour atout de laisser le public libre de choisir que regarder. Ajoutez à cela une musique tragique qui fait office de redite sur des situations d’ores et déjà tragiques (référant pour certaines à des chefs-d’œuvre comme A l’ouest rien de nouveau (celui de Lewis Milestone s’il vous plaît, et pas de Netflix)) et l’on obtient une volonté trop affichée par l’auteur d’orienter la pensée de son spectateur…Encore…décidément, c’est une manie.

Cela crée une forme de contradiction ontologique : on prétend immerger et donner le choix de voir comme on veut (principe de la VR) alors que les images présentées sont conçues et emplies d’un point de vue clairement affirmé. Qui plus est, avoir recours à des images en prise de vue réelle comme le fait le film, avec une caméra mobile et surplombante comme un dieu, donne le sentiment d’assister avant tout à une attraction dont le but est la spectacularisation de l’événement mis en scènes. Un événement qui devient mécaniquement une source de distraction et non de dénonciation. Ce qui, en toute honnêteté, devait être l’objectif du réalisateur. Si l’intention initiale est donc plus que louable, le résultat, lui, est douteux.

Pour l’heure, je n’ai donc pas de chance avec cette journée. Je sors de la VR et vais me prendre un verre. Il y a une dégustation de champagne aujourd’hui, c’est la spécialité de la région après tout. Mais attention, je ne prends qu’un verre : il y a encore deux films à voir et un rapport à taper. Je me programme une œuvre en remplacement dès courts-métrages en compétition que je ne peux pas voir faute de place, puis je me rends au Lycée, à 6 minutes de marchs. Ce lycée est très beau, style début vingtième, et ressemble à un château reconfiguré en temple de l’apprentissage. Je frissonne toutefois : mes années lycée n’ayant pas été très plaisantes, de mauvais souvenirs remontent. Heureusement, et enfin, le prochain film dissipe ce sentiment : il s’agit de Missile, de Frederick Wisman. L’auteur, dont l’œuvre va ressortir restaurée et qui à naturellement toute sa place dans un festival dont le thème est le conflit, comme à son habitude, nous introduit dans un milieu sans commentaires ni le moindre didactisme et observe les individus s’y comporter. Le montage d’inserts, de gros plans ou de zooms sert souvent à souligner ce que cherche à obtenir Wisman avec son regard. Un point de vue objectif et dépouillé de partis pris idéologiques ; vierge de toutes manipulations. On observe et on se fait une idée par soi-même. Il est ainsi fort respectueux de son public comme de ses sujets.

Son sujet, en l’occurrence, c’est la formation d’hommes allant lancer, s’ils en reçoivent l’ordre, des missiles nucléaires sur l’URSS. C’est perturbant en soi, notamment parce que l’approche de l’auteur souligne toute la désarmante banalité humaine des individus en charge du feu nucléaire. Une banalité contrastant violemment avec le poids de la responsabilité qui incombe à leur tache et l’ampleur des conséquences de leurs actes. En suivant les cours auxquels sont soumis ces individus, l’auteur offre aussi l’opportunité au spectateur de réfléchir ces instructions comme s’ils étaient à la place des recrus. Soit un acte qui permet d’impliquer le public dans le récit et qui pondérera toute velléité de jugement partial ou trop idéologique de sa part, à l’encontre dès candidats. Enfin, la volonté affichée de l’armée d’inclure à la fois la morale et l’obéissance mécanique aux ordres dans l’esprit des recrus, n’a de cesse de montrer avec une grande habileté, la contradiction ontologique de cette institution et, toujours, de faire réfléchir. Ajoutons à cela que de chaque plan émane une beauté plastique parce que pleine d’une science du cadrage, que le tout est couplé à un montage rigoureux au rythme intelligemment cassé, qui sait laisser les silences et les temps morts et faire preuve de lenteur quand il le faut, et l’on obtient un grand film d’un grand artiste.

Je sors donc conquis, commence à repartir du lycée pour vite y revenir quand je me rends compte en chemin que le prochain film va aussi s’y jouer…je perds la tête ma parole ! Trop de café sans doute. Le film qui suit fait partie d’un intéressant programme qui questionne la représentation de la conquête spatiale au cinéma. Une représentation entre progrès et propagande. Ce film, c’est Out of the present d’Andrei Ujica. Un film qui conte l’histoire du dernier cosmonaute d’URSS, Sergei Krikalev, alors qu’il était bloqué sur la station spatiale Mire pendant 10 mois, à cause de la chute de l’URSS advenue après qu’il soit parti. La nature patchwork du film avec l’utilisation d’images d’archives, associées à un montage intelligent (ou l’on monte en parallèle ce qu’il se passe en bas et ce qu’il se passe en haut) permet à cette œuvre de véhiculer avec intelligence, une splendide critique de la petitesse des sociétés humaines face à la beauté paisible de l’espace infinie.

Une critique teintée d’acidité lorsqu’elle montre la façon dont les médias se contentent de demander le ressentit du cosmonaute sur la chute de l’URSS, plutôt que sur ce qu’il a vécu sur la station d’où l’on peut observer de superbes images de la terre et de son ciel. Des images dont la puissance provient pour partie que, quel que soit le support employé, elles demeurent toujours d’une profonde poésie. Par le recours à une voix off de Krikalev narrant, très ponctuellement, ce qu’il s’est produit derrière les images utilisées, le film ajoute une nature intime à son arc, tandis que la musique, parfois déjantée, parfois noble, apporte une touche d’humour et de sensualité qui fait de cette œuvre un documentaire de création personnelle de grande qualité.

Je quitte le lycée aux anges et il commence à se faire tard. Chose qui n’était pas gagnée vu la matinée passée. Je n’irais finalement pas voir le Serebrenikov, qui fait plus de deux heures. Il faut que je rentre faire mon rapport. Je dirais que cette journée fut riche en rebondissements, en émotions fortes, et que le thème du conflit m’a atteint plus que je ne le pensais en venant ici. Ce qui est une très bonne chose : mieux vaut un festival marquée par la passion que par l’ennuie. J’ai donc hâte de vivre ma troisième et dernière journée demain, en espérant qu’elle soit aussi riche que les deux premières.

A suivre…

Hugo Dervisoglou

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